Bruxelles, le 17 mars 2022
Aujourd’hui à 9h30, six grimpeurs de Greenpeace ont escaladé le bâtiment Europa du Conseil européen à Bruxelles. Pendant qu’à l’intérieur, les ministres de l’environnement se réunissaient pour discuter d’une proposition de loi européenne visant à lutter contre la déforestation, les activistes ont accroché sur la façade extérieure un compteur indiquant en direct le nombre d’hectares de forêt détruite dans le monde durant le temps de la réunion. En 180 minutes seulement, les compteurs affichaient près de 3 260 hectares décimés – soit une superficie équivalente à la ville de Bruxelles.
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Les ministres de l’environnement se réunissent aujourd’hui pour discuter le projet de loi de la Commission européenne visant à réduire l’impact de l’Union européenne sur les forêts. Or la proposition de loi est insuffisante : elle ne respecte pas suffisamment les droits humains, elle n’offre aucune protection aux écosystèmes autres que les forêts (tourbières, savanes,..), elle ne fixe aucune obligation de diligence raisonnée au secteur financier et enfin, elle laisse de côté de nombreux produits qui ont un fort impact environnemental, comme le porc, le poulet, le maïs et le caoutchouc. Les entreprises font quant à elles pression contre l’obligation de traçabilité jusqu’à la parcelle de production, tandis que les gouvernements européens des pays les plus boisés menacent de saper certaines parties de la loi pour protéger leurs entreprises forestières.
« Des écosystèmes précieux sont détruits à un rythme alarmant pour alimenter les marchés mondiaux, explique Sini Eräjää, responsable de la campagne européenne de Greenpeace sur l’agriculture et les forêts. Nous avons l’opportunité de mettre fin à la complicité de l’Europe et de donner aux citoyens l’assurance que leurs achats ne sont pas liés à la destruction de la nature ou à des violations des droits humains. Les ministres doivent veiller à ce que tous les biens issus de la destruction des écosystèmes puissent être tracés jusqu’à la parcelle où ils ont été produits, et doivent protéger les forêts non seulement du défrichement pour l’agriculture mais aussi de l’exploitation forestière destructrice, au lieu de chercher des échappatoires pour plaire aux industries. »
Entre 2015 et 2020, le monde a perdu chaque année 10,2 millions d’hectares de forêts – une superficie équivalente à un terrain de football toutes les deux secondes – principalement pour l’expansion de l’agriculture industrielle, dont de nombreux produits sont consommés en Europe.
Greenpeace demande aux ministres de combler les lacunes du projet de loi plutôt que de l’affaiblir davantage, et de veiller à ce que tous les écosystèmes soient protégés, que tous les produits à risque soient pris en compte et que les droits humains soient correctement respectés.
Suite à la réunion d’aujourd’hui, la présidence française devrait pousser les ministres de l’environnement à adopter leur position d’ici leur prochaine réunion le 28 juin. Le Parlement européen a également commencé à rédiger sa position, le vote de la commission de l’environnement étant prévu le 11 juillet.