Depuis 8h ce matin, une quinzaine d’activistes de Greenpeace France interpelle Emmanuel Macron devant le Palais de l’Elysée, à Paris, pour dénoncer son inaction et son silence face aux feux qui ont ravagé cet été encore l’Amazonie.
Un camion de pompiers bloque une des rues menant à l’Elysée et plusieurs militants et militantes de Greenpeace y sont enchaînés, pouvant rester sur place pendant plusieurs heures. Des activistes ont déclenché des fumigènes et ont déployé des banderoles rappelant la responsabilité d’Emmanuel Macron (« Amazonie en feu : Macron toujours complice »), de la France et de l’élevage industriel dans la déforestation au Brésil et dans ces incendies : « Soja importé = Forêts brulées », « Elevage industriel = déforestation ».
Les activistes diffusent également en boucle, à l’aide d’un mégaphone, la voix d’Emmanuel Macron reconnaissant la complicité de la France dans les incendies. Ce dispositif vise à montrer l’urgence climatique et environnementale de cette catastrophe et à faire agir Emmanuel Macron sur ce sujet sans délai.
© Simon Lambert / Greenpeace
Photos et vidéos mises en ligne au fur et à mesure et téléchargeables ici
« Nous sommes ici pour rappeler à Emmanuel Macron que la France a une part de complicité dans les incendies et dans la déforestation en Amazonie, via notamment nos importations de soja qui sont destinées à nourrir nos animaux d’élevage ! explique Cécile Leuba, chargée de campagne Forêts chez Greenpeace France. Le Président a lui-même reconnu cette part de complicité en août 2019 [1].
Ce qui est dramatique, c’est que cette année l’Amazonie a brulé dans des proportions similaires – voire pires – que l’été dernier [2] et pourtant Emmanuel Macron n’a pas dit un mot à ce sujet de tout l’été. Son silence assourdissant s’explique sans doute par le fait que la France s’est montrée incapable de prendre des mesures significatives pour s’assurer que nos importations, à commencer par nos importations de soja, ne sont pas liées à la déforestation. »
Il y a deux semaines, les militant·es de Greenpeace se sont mobilisé·es partout en France pour demander au gouvernement de prendre urgemment des mesures visant à interdire l’entrée sur le territoire français de produits ayant contribué à la déforestation, à la dégradation des forêts ou à la conversion d’écosystèmes naturels. Suite à cette journée d’action, des membres de Greenpeace France ont été reçus par la nouvelle secrétaire d’Etat à la biodiversité, Bérangère Abba.
« Malheureusement, nous n’avons obtenu lors de cette rencontre aucun engagement ferme de la part du gouvernement à prendre enfin les mesures contraignantes qui s’imposent pour mettre un terme à la responsabilité de la France dans la destruction de la plus grande forêt tropicale du monde et pour envoyer un message clair à Jair Bolsonaro, poursuit Cécile Leuba. C’est pourquoi nous nous adressons directement au Président de la république devant chez lui ce matin. »
Une Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI) a été adoptée en 2018 sous la responsabilité du ministère de la Transition écologique. Près de deux ans après, Greenpeace ne peut que constater l’échec de la SNDI, imputable au fait que le gouvernement a décidé de ne pas allouer de moyens conséquents à sa mise en œuvre et de miser sur une approche volontaire qui a pourtant fait la preuve de son inefficacité [3].
De plus, pour Greenpeace, il est impératif que la stratégie sur les protéines végétales annoncée depuis plus d’un an se fixe l’objectif, et se donne les moyens, d’atteindre à moyen terme l’autonomie protéique totale de l’agriculture française pour l’alimentation humaine et animale [4], afin de nous affranchir progressivement des importations de soja. Cette autonomie protéique passera nécessairement par une réduction drastique des volumes de production et de consommation de viande, d’œufs et de produits laitiers.
Notes aux rédactions
[1] Interview d’Emmanuel Macron du 29/08/19.
[2] En août 2020, 29.307 foyers ont été identifiés par les satellites de l’Institut brésilien de recherches spatiales (INPE), légèrement moins qu’en 2019 (30.900), mais de très loin le deuxième chiffre le plus élevé de la décennie.
[3] Rapport « Countdown to Extinction » publié par Greenpeace International (juin 2019)
[4] Cartographie et rapport « Pour une agriculture locale et écologique : place à l’autonomie protéique » publié par Greenpeace France (septembre 2020)