Ce matin, Greenpeace France a mené deux actions simultanées devant le ministère de la Transition écologique et devant l’Hôtel de Matignon à Paris pour demander au gouvernement un encadrement strict et unique de tous les nouveaux OGM au même titre que les anciens OGM.
Les militants et militantes ont construit un mur de paille de 2,60 mètres de hauteur devant le ministère de la Transition écologique pour en bloquer symboliquement l’accès. L’objectif : dénoncer l’attitude de Barbara Pompili qui se mure dans le silence et refuse de se prononcer publiquement sur ce sujet qui relève de son ministère. Puis les militants ont déployé des banderoles portant les messages “Nouveaux OGM / Silence = Complicité” et “Barbara Pompili, réagissez”.
Dans le même temps rue de Varenne, des militants et militantes ont déployé des banderoles “Nouveaux OGM / Gouvernement hors-la-loi” devant l’Hôtel de Matignon pour rappeler que le gouvernement ne s’est toujours pas mis en conformité avec la décision de la Cour de justice de l’Union européenne.
Photos et vidéos de l’action sont disponibles ici.
« Nous sommes ce matin à Paris devant le ministère de la Transition écologique et l’Hôtel Matignon pour dénoncer l’inaction du gouvernement sur le sujet des nouveaux OGM, explique Suzanne Dalle, chargée de campagne Agriculture à Greenpeace France. Il est urgent que la France défende dans les négociations européennes une position ferme en faveur d’une réglementation stricte commune à tous les OGM, comme l’a exigé la Cour de justice de l’Union européenne. Sans quoi, les nouveaux OGM pourraient demain envahir nos champs et nos assiettes sans traçabilité, et ce au détriment de notre santé et de l’environnement ».
Les lobbies de l’agrochimie font actuellement pression pour que des techniques d’édition du génome qui produisent des OGM (appelées “New Breeding Techniques” par les industriels) puissent être utilisées pour l’agriculture tout en échappant à la réglementation en vigueur sur les OGM. Une telle mesure irait à l’encontre du droit des consommateurs, qui pourraient alors consommer des OGM sans le savoir.
La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a affirmé en juillet 2018 que les produits issus de ces nouvelles techniques relèvent bien du droit européen des OGM. Les risques associés à ces techniques sont en effet comparables à ceux des OGM traditionnels. Dans ce cadre, les nouveaux OGM doivent être soumis à une évaluation préalable et à une procédure d’autorisation au cas par cas, ainsi qu’à un étiquetage et une traçabilité.
Malgré la décision claire de la CJUE, puis celle du Conseil d’État, la France ne s’est toujours pas mise en conformité avec le droit : elle est donc aujourd’hui dans l’illégalité. Plus de 100 000 citoyens et citoyennes ont déjà signé une pétition inter-associative pour demander au gouvernement français de se conformer à la législation en vigueur. Greenpeace lancera aujourd’hui une plateforme en ligne pour renforcer le dispositif d’interpellation du gouvernement.
L’attentisme du gouvernement français est d’autant plus inquiétant que le lobby des semenciers gagne du terrain au niveau européen et menace la législation encadrant les OGM. Sollicitée par les États membres au sujet d’une potentielle révision de la réglementation actuelle, la Commission européenne va rendre un rapport autour du 30 avril.