Evreux/Paris, le 17 juin 2019
Ce matin, un camion transportant des déchets radioactifs a été tagué par des activistes de Greenpeace sur l’A13 à hauteur des Mureaux en Île-de-France. Parti le matin même du Cotentin, le semi-remorque s’apprête à contourner Paris par la Francilienne pour rejoindre le centre de stockage de Soulaines dans l’Aube. Quelques jours auparavant, les activistes avaient « relooké » un train contenant de l’uranium de retraitement en gare de Vierzon pour dénoncer les convois radioactifs qui sillonnent la France à l’insu de la population.
« Ce camion radioactif est une nouvelle illustration du va-et-vient incessant de convois nucléaires sur nos routes ou nos voies ferrées. En cause, notre modèle de production électrique qui repose à 75 % sur le nucléaire, une énergie polluante à l’empreinte lourde puisqu’il faut compter trois siècles au minimum pour que ces déchets redeviennent inoffensifs (et plusieurs millions d’années pour les plus radioactifs d’entre eux) », explique Yannick Rousselet, chargé de campagne sur les questions nucléaires pour Greenpeace France.
19 000 convois radioactifs par an, directement imputables à l’industrie électro-nucléaire, sont recensés par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN). Un certain nombre d’entre eux sont liés au retraitement des déchets par Orano à la Hague : transport de combustibles usés, d’uranium de retraitement, de plutonium ou de matériaux divers contaminés au cours des opérations de retraitement.
« Par ces deux actions, nous disons clairement que les transports liés au retraitement sont inutiles et que nous pourrions très bien nous en passer ! En multipliant les types de déchets et les transports de substances radioactives, le retraitement multiplie aussi les risques. Il est prouvé que l’industrie ne recycle pas ses déchets [1]. La France doit mettre un terme à cette politique absurde et dangereuse », poursuit-il.
Alors qu’un débat public sur la gestion des matières et déchets nucléaires se tient en ce moment, Greenpeace France dénonce la fuite en avant de la filière nucléaire et appelle à un sursaut des pouvoirs publics.
« La France est envahie par les déchets du nucléaire qui s’entassent partout. Personne n’est épargné : ni en zone urbaine, ni en territoire rural où l’industrie planque ses déchets et matières radioactives comme elle entend le faire à Bure avec le projet Cigéo dont nous dénonçons le danger pour les générations futures », conclut-il.
Photos et vidéos disponibles ici
Photos et vidéos de la précédente action ici
Les demandes de Greenpeace France :
- Renoncer au projet d’enfouissement profond Cigéo et privilégier d’autres options, comme le stockage à sec en sub-surface.
- Mettre un terme au retraitement du combustible usé, qui multiplie les risques.
- Mettre fin aux transports nucléaires inutiles (notamment ceux liés au retraitement) et interdire les passages en zone de concentration urbaine.
- Comptabiliser les « matières radioactives » non réutilisées dans la liste des déchets nucléaires d’EDF.
- En priorité : cesser de produire des déchets nucléaires en planifiant une sortie du nucléaire qui s’appuiera sur les économies d’énergie, l’efficacité énergétique et le développement d’énergies renouvelables, selon des scénarios compatibles avec la lutte contre le changement climatique.
[1] Selon un rapport de l’HCTISN, moins de 1 % des combustibles usés est ré-utilisé.