Plusieurs milliers d’emplois supprimés et des annonces de fermetures de lignes qui sont avant tout un coup de com : les annonces d’Air France ce vendredi sont le résultat implacable des très mauvaises directions prises par le gouvernement, qui a choisi de soutenir sans contreparties sérieuses de grosses entreprises polluantes.
« Le gouvernement est aujourd’hui complice des choix faits par la direction d’Air France. Soutenir l’entreprise à hauteur de 7 milliards d’euros sans exiger des conditionnalités fortes et contraignantes, aussi bien sociales qu’environnementales, était une décision irresponsable », déclare Sarah Fayolle, chargée de campagne transports chez Greenpeace France.
Pour Greenpeace France, les milliards d’euros versés par l’Etat doivent servir à transformer le modèle économique de l’entreprise, en le rendant plus durable. Il faut commencer par fermer les lignes internes quand une alternative en train existe, en allant bien au-delà de la limite de 2h30 fixée par le gouvernement et Air France [1], car c’est une aberration écologique. Mais il faut également accompagner la nécessaire transformation des entreprises aériennes pour répondre au défi climatique, en intégrant les salarié·es et les syndicats à la réflexion et aux dispositifs de décision. Notamment, des plans et des fonds de transition doivent être prévus pour la formation et la reconversion des travailleurs impactés vers des emplois dans des secteurs cohérents avec le défi climatique.
« Au lieu d’anticiper sa reconversion, Air France décide aujourd’hui de couper dans la masse salariale et de justifier ses choix en mettant en avant des enjeux écologiques, comme la fermeture des lignes intérieures. C’est d’un cynisme absolu, d’une malhonnêteté sans nom. Ces 7 milliards auront donc subventionné une casse sociale, saupoudrée de greenwashing », continue Sarah Fayolle.
Ces annonces sont très inquiétantes alors que le PLFR3 est en discussion en ce moment même à l’Assemblée nationale. Cette semaine, la majorité LREM a rejeté en commission un amendement, issu de ses propres rangs, qui prévoyait un réel conditionnement écologique, pour proposer en séance plénière un autre amendement absolument vide, uniquement destiné à faire diversion. Elle s’oppose également à toute conditionnalité sociale, en refusant par exemple que les aides publiques soient assorties d’une interdiction de licencier.
Les décisions d’Air France devraient servir d’avertissement : les amendements portant sur des éco-conditionnalités réelles, défendus par les groupes la France insoumise et Ecologie Démocratie et Solidarité, doivent être adoptés à l’Assemblée nationale.
[1] https://reseauactionclimat.org/climat-que-vaut-le-plan-du-gouvernement-pour-laerien/