Ce matin devant l’hôtel de Roquelaure, des militants de Greenpeace France ont réservé un comité d’accueil aux ministres européens de l’énergie venus soutenir le nucléaire. Photo disponible en ligne ici
Ce matin, Agnès Pannier-Runacher accueillait au Ministère de la transition énergétique les représentants de 15 pays pro-nucléaires de l’Union européenne ainsi que la Commissaire européenne à l’Énergie, Kadri Simson. Ces pays se rassemblaient pour la troisième fois en trois mois dans le cadre de l’”Alliance du nucléaire”, nouée à l’initiative de la France afin de favoriser la coopération autour de la promotion du nucléaire en Europe.
Devant l’hôtel de Roquelaure, des activistes de Greenpeace France ont brandi à l’arrivée des ministres des banderoles sur lesquelles était écrit “Nuclear energy : Climate distraction” ou encore “Nucléaire : diversion climatique”. L’objectif : dénoncer le greenwashing de la France, qui prétend que le nucléaire est une solution pour le climat alors que c’est un moyen de continuer à procrastiner face à l’urgence climatique. Le nucléaire est une énergie trop lente à construire et vulnérable aux impacts du dérèglement climatique : alors que les prochaines années seront cruciales pour mettre l’Europe sur la bonne trajectoire climatique, aucun des nouveaux EPRs annoncé par le gouvernement français ne sera prêt avant au mieux une quinzaine d’années. Le nouveau nucléaire est simplement hors délai face à la crise climatique et énergétique.
Sous couvert d’œuvrer pour la transition écologique, la France ne ménage pas sa peine pour favoriser son industrie nucléaire au détriment des objectifs climatiques. Une stratégie qui ne convainc pas la justice qui a récemment condamné le gouvernement français à deux reprises pour inaction climatique et pour son retard dans le développement des énergies renouvelables.
La France n’est pas seulement en train de saboter sa propre transition énergétique : elle tente d’entraîner l’Union européenne dans la grande diversion nucléaire. En 2022, la France était allée jusqu’à pactiser avec les pays pro gaz fossile pour que le nucléaire puisse être inclus comme énergie de transition dans la taxonomie verte européenne. Début 2023, la France a mené un lobby sans relâche auprès de la Commission européenne pour que l’hydrogène bas carbone, produit à partir d’électricité nucléaire, soit placé à égalité avec l’hydrogène renouvelable, issu d’électricité solaire, éolienne ou hydraulique.
“La cancre des énergies renouvelables au niveau européen n’a aucune crédibilité quand elle vante sa politique du “en même temps” des énergies renouvelables et du nucléaire. Chaque euro investi dans le nouveau nucléaire ne le sera pas dans la transition énergétique et dans la mise en place de mesures concrètes ayant un impact dans les dix prochaines années, qui sont pourtant décisives pour le climat. La France comme l’Europe doivent prendre le grand virage de la sobriété et de l’efficacité énergétique, et du développement massif des énergies renouvelables pour sortir des fossiles. Toute manœuvre de diversion de cet objectif, comme la création de cette Alliance du nucléaire, doit être dénoncée pour ce qu’elle est : du sabotage climatique.”, déclare Pauline Boyer, chargée de campagne Nucléaire à Greenpeace France