Paris, le 5 août 2016 – Hier, l’IBAMA, l’Agence gouvernementale brésilienne pour l’environnement, a annoncé l’annulation de la procédure d’autorisation du barrage de São Luiz do Tapajós, une infrastructure géante qui devait être construite sur l’un des derniers fleuves de l’Amazonie brésilienne encore non entravé par des barrages. Sans cette autorisation, le projet de construction ne verra pas le jour.
Greenpeace salue cette décision. La construction de ce barrage aurait entraîné des impacts irréversibles sur l’environnement et sur le mode de vie du peuple indigène Munduruku.
« Nous sommes extrêmement satisfaits et soulagés. Cependant, d’autres projets de barrages sont encore à l’étude, et nous continuerons de lutter pour qu’ils ne voient pas le jour », a déclaré Arnaldo Kabá Munduruku, leader de la communauté indigène.
Maintenant que la procédure est annulée, le ministère de la Justice brésilien doit honorer ses obligations et engager au plus vite la démarcation officielle du territoire des Mundurukus.
Ces derniers mois, plus de 1,2 million de personnes à travers le monde, dont plus de 87 000 en France, ont apporté leur soutien aux Mundurukus dans leur combat contre le barrage de São Luiz do Tapajós. Ensemble, ils ont fait pression sur les multinationales engagées dans le projet, dont le groupe Siemens, pour qu’elles renoncent à participer à la construction de ce méga-barrage. Le groupe français Engie avait auparavant pris ses distances avec ce projet, estimant que l’avenir du Brésil était aux renouvelables.
C’est une grande victoire pour les Mundurukus, dont les traditions et les droits étaient menacés, mais aussi pour tous les citoyens du monde qui se préoccupent du sort de la forêt amazonienne et qui ont apporté leur soutien à ses habitants.
Plusieurs organismes publics brésiliens, dont la Fondation nationale de l’Indien (FUNAI), ainsi que le ministère public de l’État du Pará avaient recommandé à l’IBAMA de rejeter l’autorisation du barrage car il aurait entraîné le déplacement de la communauté autochtone, rendant le projet illégal au regard de la Constitution brésilienne. Une partie de la région où vivent les Mundurukus est en passe d’être officiellement reconnue comme territoire indigène. Or ce territoire aurait été inondé pour les besoins de construction.
Outre São Luiz do Tapajós, 42 projets de barrages hydroélectriques menacent le bassin de la rivière Tapajós, et plusieurs centaines sont à l’étude sur l’ensemble de l’Amazonie. Ces projets sont le fruit d’un modèle économique qui néglige l’importance capitale de la forêt amazonienne et de ses habitants. Les barrages déjà construits dans cette région ont eu des effets dévastateurs sur les communautés autochtones et sur l’environnement – sans parler des scandales de corruption.
Greenpeace demande au gouvernement brésilien de procéder à la délimitation officielle du territoire des Mundurukus. Le Brésil doit exploiter tout le potentiel solaire et éolien dont il dispose. Il peut devenir un leader mondial des énergies renouvelables et respectueuses de l’environnement. Les énergies solaire et éolienne peuvent parfaitement produire autant d’énergie que le barrage de São Luiz do Tapájós. Il s’agit de faire les bons choix d’investissement.