Amazonie : nouveaux chiffres alarmants de la déforestation
L’Institut brésilien de recherche spatiale (INPE) vient de publier les résultats de son système de calcul DETER. Il a enregistré en Amazonie brésilienne le deuxième plus haut taux de déforestation annuelle depuis 2015. Sur l’année qui vient de s’écouler du 1er août 2020 au 31 juillet 2021, ce sont 8 712 km² de forêts qui ont été détruits.
Le gouvernement brésilien, loin de participer à l’enrayement de la déforestation, manœuvre pour encourager l’expansion d’exploitations agricoles illégales en Amazonie. Mardi dernier, le 3 août 2021, la Chambre des députés brésilienne a voté une loi qui, si elle était adoptée dans les mêmes termes au Sénat, faciliterait la régularisation de l‘exploitation de terres publiques occupées illégalement. Or au Brésil, un tiers de la déforestation de l’Amazonie est lié à des accaparements de terres publiques.
Malgré ses récentes promesses de s’attaquer à la déforestation illégale, et alors qu’il négocie des accords commerciaux avec l’Union européenne, Jair Bolsonaro avance avec ses alliés une série de projets de loi qui permettraient d’accélérer la déforestation et de porter atteinte aux droits fonciers des peuples autochtones. Si ces lois étaient adoptées, elles pousseraient encore un peu plus l’Amazonie vers ce point de non-retour menant à la destruction irréversible de cet écosystème.
« Après avoir progressivement détricoté et vidé de leur substance les lois de protection de l’environnement, le gouvernement brésilien s’apprête à récompenser la déforestation illégale et l’accaparement de terres, déclare Cristiane Mazzetti, chargée de campagne Forêts à Greenpeace Brésil. Le gouvernement profite de l’état d’urgence pour faire passer des projets de loi qui entraîneront davantage de déforestation et aggraveront le dérèglement climatique« .
Tandis que la Chambre des députés brésilienne adoptait ce projet de loi écocide, la Commission européenne reportait à décembre 2021 sa proposition de loi de protection des forêts, qui interdirait la mise sur le marché européen de matières premières issues de la déforestation.
« En poursuivant les négociations de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, les responsables européens cautionnent la destruction de l’Amazonie. Chaque minute qui passe sans qu’une loi forte ne soit mise en place laisse le champ libre à la destruction de cet écosystème. La Commission européenne doit agir rapidement et proposer une législation efficace pour garantir qu’aucun produit vendu en Europe ne soit lié à la destruction de l’Amazonie ou ne porte atteinte aux droits des personnes qui y vivent« , rappelle Lukas Meus, chargé de campagne Forêts à Greenpeace Europe.
En France, le gouvernement s’est doté en 2018 d’une Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI). Cependant, depuis la publication de cette stratégie, il n’a pris aucune mesure concrète visant à éliminer la déforestation importée. La France ne doit pas attendre l’avancée des discussions à l’échelle européenne pour mettre en œuvre la SNDI et doit prendre de toute urgence, à l’échelle nationale, des mesures contraignantes visant à garantir que les matières premières importées en France ne soient pas issues de la déforestation.