Paris, le 26 novembre 2010 – « À quoi bon aller à Cancun ? » : voilà la question qui revient en boucle, à quelques jours de l’ouverture de la 16e Conférence sur les changements climatiques des Nations unies, à Cancun au Mexique, un an après l’échec du sommet de Copenhague.
« Tout le monde tente de minimiser au maximum les enjeux de cette réunion, constate Karine Gavand, responsable de la campagne climat de Greenpeace France. Mais c’est un moment décisif pour relancer les négociations. Des avancées sont attendues, notamment dans les domaines des financements et de la protection des forêts. Ces progrès sont indispensables pour rester sur la voie d’un accord global. La crise climatique, elle, n’attend pas ! »
Trois bonnes raisons d’aller à Cancun
– Cancun est une étape fondamentale pour la négociation d’un accord international plus que jamais nécessaire : s’il ne se passe rien, si aucune avancée significative n’est constatée sur les financements ou sur la protection des forêts, tous les acteurs et commentateurs risquent de déserter ce processus multilatéral et les négociations seront en danger.
– L’accord international est un élément indispensable pour nous permettre d’éviter le chaos climatique. Aussi ambitieuses et importantes soient-elles, la somme des actions locales, nationales ou régionales ne fera jamais un tout suffisant et cohérent.
– Le processus de négociation des Nations unies a été l’objet de nombreuses critiques, mais c’est l’absence de volonté politique qui est la principale cause de l’échec de Copenhague. Les Nations unies restent pour l’heure le seul cadre approprié pour aboutir à un accord global.
Arrêter d’attendre les Etats-Unis
Cancun peut et doit être l’occasion de relancer la coopération internationale sur les changements climatiques. Des progrès sont possibles, mais pour cela, il faut sortir de des logiques qui continuent de plomber le système. Par exemple, depuis de nombreuses années, la communauté internationale attend que les Etats-Unis agissent sur les changements climatiques… Ceci doit cesser !
« C’est le prétexte facile dont tout le monde se sert pour justifier son immobilisme, constate Karine Gavand. Nous savons aujourd’hui que le projet de loi américain sur le climat est reporté sine die. Il est grand temps que les autres pays cessent de spéculer sur l’action hypothétique des États-Unis et qu’ils passent à l’acte ! »
La France et l’Europe, passives, laissent le pouvoir aux pires élèves
L’Union européenne, comme la France, affirme qu’elle ne relèvera pas son objectif de réduction d’émissions de gaz à effet de serre jusqu’à ce qu’un accord incluant les États-Unis, voie le jour. Or les émissions européennes ont déjà diminué de plus de 17 %, et la Commission explique que les coûts d’un passage à – 30 % seraient largement rentabilisés par les bénéfices en termes de diminution des coûts de l’énergie, de santé, de création d’emplois et d’amélioration de la sécurité énergétique.
« Il est immoral de subordonner toute initiative à celles d’un pays, les États-Unis, dont le Congrès est paralysé par les lobbies industriels, et dont la position inflexible des négociateurs empoisonne l’ensemble du processus de négociation, déplore Karine Gavand. Pendant que l’Europe attend un geste des États-Unis, le pouvoir dans ces négociations est laissé aux pays et aux lobbys qui ne veulent pas d’un accord global et contraignant. »
Briefing complet sur les enjeux et attentes de la conférence de Cancun