Canicule : répondre à l'urgence sanitaire sans s'attaquer aux problèmes de fond est irresponsable
Alors que la France traverse le second épisode caniculaire de l’année, Greenpeace France souligne l’urgence pour le gouvernement de sortir de l’inaction climatique.
Parer au danger immédiat que provoque cette vague de chaleur pour les populations vulnérables est évidemment crucial, mais il est irresponsable de ne pas s’attaquer en même temps au problème de fond. Ne rien faire aujourd’hui ne fait qu’intensifier les événements climatiques extrêmes de demain.
Aucun plan canicule ou plateforme téléphonique ne pourront nous prévenir des prochaines canicules. Si rien n’est fait pour lutter sur le long terme contre ces épisodes de fortes chaleurs, nous serons amenés à répéter encore et encore ces messages de prévention face à des canicules qui illustrent avec intensité la réalité du dérèglement climatique en France.
Pour Clément Sénéchal, chargé de campagne climat de Greenpeace France :
“Le gouvernement doit traiter avec le même niveau d’urgence les consignes sanitaires à donner pour se protéger de la canicule et des actes politiques forts pour atténuer le dérèglement climatique. Il n’est plus possible de continuer à aggraver les causes dont on déplore ensuite les conséquences : ce gouvernement vient de ratifier le CETA, après avoir accordé plus de 11 milliards d’euros de subventions publiques aux industries fossiles en 2019 et autorisé Total à importer massivement de l’huile de palme dans sa raffinerie de la Mède. Cette hypocrisie climatique doit cesser”.
Les chiffres confirment malheureusement la trajectoire fatale sur laquelle nous nous trouvons :
- 2018 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée en France depuis le début des relevés météorologiques en 1900, avec une séquence de 9 mois consécutifs au-dessus des normales.
- Au XXe siècle, la température moyenne du globe a augmenté d’environ 0,6 °C et celle de la France métropolitaine de plus de 1 °C.
- Le mois dernier, le Potsdam Institute for Climate Impact Research a souligné que les cinq étés les plus chauds en Europe depuis 1500 avaient tous eu lieu au XXIe siècle – en 2018, 2010, 2003, 2016 et 2002.
- Une étude publiée le 2 juillet par le World Weather Attribution souligne que la probabilité et la gravité d’un événement du type de la vague de chaleur de juin 2019 (ou plus grave) ont été multipliées par au moins cinq en raison du changement climatique induit par l’activité humaine.
- Selon l’office météorologique britannique, la hausse globale des température pourrait atteindre +1,5° dans les 5 ans.
- D’après l’ONU, si les Etats respectaient leurs engagements climatiques, les températures globales augmenteraient quand même de 3,2 °C.
Or, comme l’a montré l’Affaire du Siècle, la France ne respecte pas les siens.
Hier encore, Valérie Masson-Delmotte représentante du GIEC, s’est adressée aux député-e-s en rappelant : “Chaque demi degré de réchauffement compte. Aujourd’hui le réchauffement planétaire atteint un degré et nous vivons déjà les conséquences de ce degré de réchauffement avec, en France, l’intensification des jours chauds, quatre à six fois plus chaque décennie, des canicules plus fréquentes, l’intensification des sécheresses particulièrement frappantes tout autour de la Méditerranée.”
Le gouvernement doit impérativement considérer les épisodes de canicule comme des événements qui lui confèrent l’obligation politique et la légitimité nécessaire pour prendre des décisions immédiates pour réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre, notamment en contraignant les entreprises les plus polluantes à modifier leurs comportements.