Paris, le 24 janvier 2017 – Aujourd’hui, le Comité d’Administration d’EDF se réunit pour se prononcer sur la convention d’indemnisation prévue entre l’Etat et EDF concernant la fermeture d’une des plus vieilles et plus dangereuses centrales de France : Fessenheim. C’est une décision cruciale qui, en cas d’accord, devrait enclencher la procédure de fermeture de la centrale. Toute remise en cause de cet accord serait le signe que l’intérêt économique de l’entreprise et l’avenir des salariés du groupe sont, pour les administrateurs, moins importants que la défense jusqu’au-boutiste du nucléaire.
Fermer Fessenheim est le meilleur « investissement » qu’EDF puisse faire
Au-delà de la promesse politique, la fermeture de Fessenheim doit permettre d’ouvrir la voie vers la résolution des crises que traverse EDF. L’entreprise, au bord de la faillite, n’a plus les moyens de sa politique nucléaire. « A l’analyse des bilans financiers d’EDF, on se rend compte que prolonger des réacteurs coûtera en fait plus cher à EDF que de les fermer », explique Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace.
De plus, si les dispositions légales de cette fermeture sont connues depuis juillet 2015, avec le vote de la loi de Transition énergétique, ses conditions sociales et économiques auraient dû être réglées depuis longtemps dans le cadre d’un dialogue État-EDF. « L’État comme EDF ont failli à leurs responsabilités, en refusant de travailler à un plan de reconversion et en négligeant notamment les salariés de la centrale », ajoute Yannick Rousselet.
Fessenheim doit fermer pour des raisons de sûreté
Depuis plusieurs mois, la sûreté du parc nucléaire français est dégradée en raison de l’affaire des anomalies, qui n’épargne pas la centrale de Fessenheim puisqu’une anomalie sérieuse a été détectée sur le réacteur 2, ainsi qu’un cas de falsification. « Le réacteur 2 est à l’arrêt depuis plus de 7 mois et n’est pas près de redémarrer, étant donné la gravité de l’anomalie ! La pièce incriminée est un générateur de vapeur, c’est un composant essentiel des réacteurs nucléaires », précise Yannick Rousselet.
Cette anomalie fait d’ailleurs l’objet d’une enquête judiciaire du parquet de Paris, qui a été ouverte après un dépôt de plainte de Greenpeace et d’autres associations visant AREVA et EDF, et suite au signalement de l’Autorité de sûreté nucléaire.
La France doit cesser de traîner des pieds sur la transition énergétique
Pour Yannick Rousselet, « il faut tordre le cou aux idées reçues : le nucléaire ne permet pas de réduire les émissions de CO2 en France ». Elles ont d’ailleurs augmenté en 2015, année de la signature de l’Accord de Paris.Par ailleurs, le black out, tant redouté cet hiver en France en raison d’une production d’électricité nucléaire réduite, à cause des arrêts de réacteurs dus aux anomalies détectées, n’a finalement pas eu lieu. C’est grâce aux énergies renouvelables, qui ont pris le relais des réacteurs à l’arrêt.
« En somme, les fermetures de Fessenheim et d’autres réacteurs en France ne menaceront pas l’approvisionnement du réseau électrique. En revanche, elles permettront d’accélérer le développement des énergies renouvelables, désormais moins chères que le nucléaire, et celui d’une transition énergétique elle-même génératrice d’emplois », conclut Yannick Rousselet.