Chez Petit Navire, on ne fait pas le tri avant de mettre en boîte
Paris, le 6 octobre 2014 – Greenpeace dévoile aujourd’hui les résultats d’analyses d’un échantillon de 20 boîtes de thon Petit Navire achetées dans toute la France en juillet. Le travail d’un laboratoire indépendant est sans appel : les espèces de thon sont mélangées dans une même boîte, ce qui est tout à fait interdit par la législation européenne. En cause ? La méthode de pêche, le dispositif de concentration de poissons (DCP), qui ne permet pas de faire le tri.
« Dans 2 boîtes de Petit Navire sur 20, le laboratoire a retrouvé du thon albacore, alors que la boîte est étiquetée thon obèse, souligne Hélène Bourges, chargée de campagne Océans à Greenpeace. Au-delà même du fait que cela soit interdit, cela prouve que Petit Navire ne peut garantir la traçabilité de ce que contient ses boîtes, parce que la technique de pêche utilisée, le dispositif de concentration du poisson, prend tout ce qui passe autour, sans égard pour les différences d’espèces. La marque doit arrêter de vendre du thon pêché avec cette pratique. »
Petit Navire, le bon goût du carnage
Petit Navire, marque leader sur le marché, est classée 8ème sur 10 dans l’étude sur les marques de thon en boîte. Greenpeace lance aujourd’hui une pétition en ligne pour que Petit Navire arrête le carnage, et cesse de s’approvisionner en thon pêché avec des DCP.
Selon un sondage CSA, 95% des Français sont contre les techniques de pêche industrielles destructrices qui alimentent cette industrie, et 79% sont prêts à payer environ 20 centimes plus cher une boîte de thon pêché durablement. Petit Navire doit entendre le message.
Le coupable ? Le dispositif de concentration du poisson
L’écrasante majorité du thon Petit Navire est pêché avec une technique destructrice, le dispositif de concentration de poissons, DCP. C’est un objet artificiel flottant qui permet aux poissons de s’abriter en pleine mer. Tout un écosystème s’agrège autour de ce dispositif, avant que les thoniers industriels ne déploient un filet de plusieurs kilomètres de long, la senne, qui remonte tout – y compris les espèces menacées (requins, tortues, raies), et les jeunes thons qui n’ont pas encore pu se reproduire. Le thon est une espèce grégaire, et plusieurs espèces qui, en temps normal, ne se mélangent pas, se regroupent sous ce dispositif. En particulier, les jeunes thons, obèses et albacores, ont tendance à s’associer aux adultes listaos sous les DCP. Une des conséquences ? Plusieurs espèces de thon dans la même boîte à l’arrivée chez le consommateur.
« La différence d’aspect au moment de la pêche entre les petits thons obèses et albacores est quasi imperceptible, explique Hélène Bourges. La seule possibilité pour éviter le mélange et se mettre en conformité avec la législation, c’est de pêcher sans ces DCP. Cela prouve aussi que les captures avec DCP sont constituées de ces très jeunes thons, qui ne peuvent donc contribuer au renouvellement de l’espèce, ce qui est particulièrement inquiétant quand on sait que des stocks comme celui de l’albacore de l’Atlantique sont clairement surexploités. »