Climat : c'est à Bruxelles que se joue l'ambition de l'Europe pour Copenhague
Paris, le 9 décembre 2009 – Au troisième jour des négociations de Copenhague, tous les regards sont braqués vers Bruxelles, où se réuniront les 27 chefs d’État de l’Union européenne les 10 et 11 décembre. Au programme, les deux points clefs : l’objectif de réduction des émissions des nations industrialisées et les financements pour les pays en développement.
Réduction d’émissions : l’Europe joue petits bras
20 % de réduction des émissions d’ici à 2020 : voilà ce que se sont fixé les 27 États européens en mars 2007. Un objectif peu ambitieux, que l’Europe va atteindre sans faire aucun effort supplémentaire.
« Compte tenu de la possibilité de compenser excessivement les efforts de réduction d’émissions dans les pays en développement, et d’utiliser les surplus de permis de polluer, l’objectif de 20 % est une véritable mascarade, commente Karine Gavand, responsable de la campagne Climat de Greenpeace France. Le climat a besoin de réductions d’émissions effectives, et non de tours de passe-passe comptables. Avec un tel objectif, l’Europe ne peut en aucun cas se prétendre leader de la négociation ! »
La Norvège, le Japon, l’Inde, l’Afrique du Sud, ont pris trois longueurs d’avance. La veille de l’ouverture du sommet de Copenhague, l’Afrique du Sud s’est notamment engagée à réduire la croissance de ses émissions de gaz à effet de serre de 34 % d’ici à 2020. Un objectif supérieur à ce que recommandent les scientifiques du Giec.
L’Europe doit annoncer un objectif unilatéral et inconditionnel de -30 %
Pour rattraper son retard et ne pas rater son entrée sur la scène des négociations de Copenhague, l’Union européenne doit au minimum décider à Bruxelles d’un passage à 30 % de réduction de ses émissions, avant de s’engager sur -40%, seul objectif en phase avec la science du climat.
« Un engagement de -30 % ferait de l’Europe le leader des négociations, déclare Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France. Ce chiffre permettrait de donner satisfaction aux pays émergents, de coincer les États-Unis et le Canada et de s’allier l’Afrique, les petits pays du Pacifique et tous ceux pour qui le changement climatique est une réalité de tous les jours. »
Financements : l’Europe offre le pourboire, sans payer l’addition
Autre point au programme des discussions de Bruxelles, le soutien aux pays en développement, pour les aider à faire face à la crise climatique, autre nœud de la négociation. Pour l’instant, l’Europe ne parle que des financements dits « précoces » (jusqu’en 2012). Or à Bruxelles, l’Europe doit proposer sa contribution au soutien des pays en développement pour l’après-2012 – à hauteur de 35 milliards d’euros de financement public par an – assortie des mécanismes qui permettront de lever des financements nouveaux et additionnels à l’aide au développement.
« En se cantonnant aux financements précoces, l’UE offre le pourboire sans payer l’addition. Le soutien aux pays en développement pour les dix ans qui viennent, pour qu’ils puissent mettre en place les infrastructures nécessaires à l’adaptation aux impacts des changements climatiques, protéger leurs forêts et développer un modèle énergétique fondé sur l’efficacité et les renouvelables : voilà la clé du succès de Copenhague, reprend Karine Gavand. Pour sauver le climat, l’Europe ne doit pas attendre le 18 décembre. Elle doit agir dès cette semaine. »
Retrouvez toutes les analyses, les positions et les demandes de Greenpeace pour Copenhague sur www.greenpeace.fr/copenhague/documents