Paris, le 15 novembre 2009 – Greenpeace dénonce avec la plus grande fermeté la position prise dimanche 15 novembre par les leaders du Forum de coopération Asie-Pacifique (Apec), qui ont déclaré que la conférence internationale sur le climat de Copenhague déboucherait seulement sur un accord politique et non sur un accord légalement contraignant, qui serait, lui, reporté à une date ultérieure et indéterminée.
Cette position a été rendue publique par Barack Obama et par Anders Fogh Rasmussen, le Premier ministre danois, qui s’est rendu à la dernière minute au sommet de l’Apec, apparemment sans aucun mandat européen.
« Venant du Premier ministre danois ou de Barack Obama, un tel positionnement n’est malheureusement ni nouveau, ni surprenant, déclare Karine Gavand, responsable de la campagne Climat à Greenpeace France. Abandonner l’objectif d’avoir un accord juridiquement contraignant à Copenhague est totalement irresponsable. »
Greenpeace demande à l’Union européenne d’intervenir
Il est inacceptable que le Premier ministre danois aille « vendre » son mauvais compromis aux pays industrialisés membres de l’Apec, qui sont précisément ceux dont les engagements de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre sont les plus faibles. Une initiative d’autant plus scandaleuse que le Danemark va accueillir lundi 16 novembre la « Pré-Cop », qui rassemble les ministres de l’Environnement clefs pour la préparation du sommet pour le climat de décembre et qui est supposée présenter les contours d’un succès à Copenhague.
La position du Premier ministre danois tranche aussi avec la vision jusqu’à présent défendue par l’Union européenne. Ainsi, le 21 octobre dernier, les ministres de l’Environnement européens ont insisté sur la nécessité d’un accord légalement contraignant, apte à prendre la suite du protocole de Kyoto, comme résultat de la conférence sur le Climat de Copenhague.
« Les leaders européens, en particulier Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et Gordon Brown, doivent s’opposer publiquement à cet abandon d’un accord légalement contraignant à Copenhague, estime Karine Gavand. Nicolas Sarkozy, qui vient de réaffirmer aux côtés de son homologue brésilien son refus d’un accord au rabais, se voit contredit le lendemain même par Barack Obama et Anders Fogh Rasmussen. Alors que s’ouvre le pré-Sommet de Copenhague, quelle va être sa réplique ? »
Un deal scandaleux pour les pays les plus vulnérables
Voilà deux semaines, à Barcelone, les 43 membres de l’Alliance des petits États insulaires (Aosis) avaient exprimé leur indignation face aux tentatives successives d’imposer aux pays les plus vulnérables un accord politique vidé de son contenu à Copenhague. Cet appel a été soutenu par le Groupe Afrique.
Les pays industrialisés ont reconnu il y a deux ans qu’il leur fallait réduire leurs émissions d’au moins 25 à 40 % d’ici à 2020. Mais, à l’heure actuelle, leurs objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre se chiffrent à 10-17% au mieux, une fourchette largement insuffisante pour stopper le dérèglement climatique.
« Pour que Copenhague débouche sur un accord ambitieux, les pays industrialisés manquent moins de temps que de volonté politique, conclut Karine Gavand. À travers le monde en développement, les changements climatiques affectent des millions de personnes, qui ont besoin d’une action de toute urgence. Barack Obama et Anders Fogh Rasmussen estiment-ils que la survie de ces pays est négociable ou peut attendre ? »