Après des négociations interrompues et prolongées tard dans la nuit, le Conseil européen a annoncé un accord sur la réduction nette d’au moins 55% de nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.
Pour Greenpeace, cet accord révèle la réticence des gouvernements à endosser les recommandations des scientifiques et à s’attaquer aux causes profondes de l’urgence climatique. Les dirigeants des gouvernements européens ont convenu d’un objectif de réduction nette des émissions de l’UE de 55% d’ici 2030 (sur la base des niveaux de 1990) au lieu d’un objectif brut, concentré sur la réduction des émissions à la source.
Une baisse d’au moins 65% serait pourtant nécessaire pour respecter l’Accord de Paris, selon les dernières données scientifiques. Par ailleurs, une référence dangereuse est faite aux « technologies de transition », ouvrant la porte des financements verts au gaz ou au nucléaire.
Cinq ans après l’accord de Paris sur le climat, et un an après la présentation d’un Green Deal européenne par la Commission européenne, les chefs d’Etat de l’UE restent fossilisés dans un ordre économique responsable de la crise climatique.
“Emmanuel Macron aura beau qualifier cet accord d’historique, le nouvel objectif déterminé pour l’Union européenne implique en réalité une réduction des émissions de gaz à effet de serre très éloignée des recommandations scientifiques, et trop peu d’efforts supplémentaires. Alliée aux mauvais élèves européens, la France a affaibli la bonne tenue des négociations par son obstination à promouvoir le nucléaire. Malgré de belles paroles, les chefs d’Etat n’ont pas eu le courage de prendre des engagements qui bousculeraient les industries polluantes et entraîneraient une révision complète de notre modèle de production. Ils préfèrent s’accorder sur des objectifs en trompe-l’œil, au détriment des plus vulnérables, qui payent aujourd’hui très cher les démissions qui s’accumulent sur le front climatique”, estime Clément Sénéchal, chargé de campagne climat à Greenpeace France.
Un nouveau rapport de l’ONU a révélé que les 1% les plus riches du monde sont responsables de plus de deux fois les émissions des 50% les plus pauvres, démontrant que la lutte contre les inégalités est un élément essentiel de l’action climatique. Tandis qu’un récent rapport d’Oxfam a montré que la moitié la plus pauvre des Européens a réduit ses émissions de près d’un quart depuis 1990, tandis que les émissions des 10% les plus riches continuent d’augmenter.
L’objectif net retenu par le Conseil Européen signifie une réduction de seulement 50,5% des émissions réelles des secteurs polluants, tels que l’énergie, les transports et l’agriculture industrielle, tout en s’appuyant sur les forêts impactées par le climat pour absorber le reste. Sur la base des mesures et des objectifs climatiques existants, l’UE est déjà sur les rails d’une réduction de ses émissions de 46% en 2030, selon la commission européenne.
Si la plupart des Etats ont soutenu l’objectif de -55% des émissions, la France et plusieurs pays d’Europe centrale et de l’est ont poussé pour inclure du langage favorable au gaz et potentiellement au nucléaire comme énergies de transition, privilégiant leurs intérêts particuliers au détriment du consensus collectif.
Les ministres européens de l’environnement se réuniront le 17 décembre pour formaliser l’objectif et le soumettre à l’organe directeur de l’accord de Paris sur le climat. En juin 2021, la Commission devrait publier un ensemble de mesures politiques pour mettre en œuvre l’objectif de 55%.