Paris, le 15 juin 2015 – L’Institut National de Recherche Agronomique (INRA) s’est félicité le 22 mai dernier des résultats du programme européen de recherche PRICE qui concluaient à la coexistence possible entre cultures génétiquement modifiées (GM) et non GM dans les champs en Europe.
Pour les 7 associations signataires de ce communiqué (1), les résultats du programme PRICE présentent beaucoup trop de lacunes pour affirmer qu’une telle coexistence est possible. La rhétorique de ce programme est trompeuse et choquante. Elle contribue à désinformer les consommateurs et les pouvoirs publics sur l’illusion d’une coexistence possible alors que la culture d’OGM en plein champ implique inévitablement la dissémination des OGM.
Des mesures complètement irréalistes
D’après PRICE, la coexistence serait permise par des mesures telles que l’aménagement de zones tampon entre les cultures ou des semis décalés, et grâce un prototype d’outil d’aide à la décision destiné aux agriculteurs. Mais ces dispositions sont abordées de manière purement théorique et ne sont pas confrontées à leur faisabilité réelle : quels exploitants assumeront le risque d’effectuer des semis décalés ? Qui contrôlera la bonne coordination des exploitants entre eux ? Comment envisager l’existence de zones tampons dans les zones agricoles de petites parcelles si fréquentes en Europe ? La coopération attendue entre les agriculteurs pour appliquer ces mesures est immense et complètement irréaliste. Tant que ces questions cruciales n’auront pas de réponses, il est largement abusif de conclure que les dispositions imaginées par PRICE seraient efficaces pour garantir la non contamination.
Un manque coupable de rigueur scientifique
D’autre part, Le programme PRICE présente des lacunes importantes en termes de méthodologie scientifique. Ainsi, les essais ayant servis pour ce programme n’ont été menés que sur une période insuffisante de deux ans et exclusivement dans des conditions pédoclimatiques – celles de l’Espagne – qui ne permettent pas de tirer des conclusions scientifiquement solides pour l’ensemble de l’Europe. De plus, ils ignorent l’addition des contaminations annuelles des champs des agriculteurs qui utilisent une partie de leur récolte comme semences.
Le programme PRICE passe également sous silence les travaux scientifiques précédents qui ne vont pas dans le sens de démontrer une coexistence possible. C’est le cas tout particulièrement des résultats du programme européen de recherche Co-Extra qui estimait, à l’inverse du programme PRICE, que la coexistence OGM-non OGM en Europe ne serait possible qu’avec de très grandes distances d’isolement ou des zones dédiées de production. Les associations signataires dénoncent ce regard biaisé.
Un parti-pris économique inacceptable
Enfin, le programme PRICE s’intéresse aussi à la coexistence en aval entre produits GM et non GM. Il considère que la coexistence est économiquement possible car les coûts de ségrégation pourront être supportés par les consommateurs des produits non OGM puisqu’ils sont prêts à payer plus cher leur alimentation ! Cette vision est inacceptable : ce sont ceux qui choisissent des commercialiser des produits OGM qui doivent être garants de la ségrégation. Rappelons qu’un produit garanti sans OGM doit impérativement contenir moins de 0.01% d’OGM. C’est le seuil taux admissible pour s’assurer de la confiance des consommateurs et leur offrir une vraie liberté de choix. Or, le programme PRICE considère que la coexistence entre cultures GM et non GM signifie d’accepter un seuil de contamination de moins de 0,9%. Là encore, il s’agit d’un parti-pris que les associations signataires dénoncent rigoureusement. Un seuil de 0,9% signifie concrètement la contamination des cultures non GM par des OGM.
(1) : Les associations signataires : le Réseau semences paysannes, Greenpeace, la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique, l’Union Nationale de l’Apiculture Française, la Confédération Paysanne, les Amis de la Terre et France Nature Environnement.