Comptes d’EDF : l’entreprise asphyxiée par le nucléaire

Paris, le 17 novembre 2016 – Les comptes d’EDF ne reflètent pas la réalité de la situation financière de l’entreprise. C’est le constat qui ressort d’une étude rédigée par le cabinet AlphaValue, à la demande de Greenpeace, rendue publique aujourd’hui. AlphaValue montre, à partir de l’analyse d’hypothèses et de données publiques, qu’EDF sous-provisionne dans ses comptes les dépenses liées au démantèlement et à la gestion des déchets nucléaires, mais aussi que les investissements prévus par l’entreprise ne sont pas compatibles avec ses capacités financières.

Si les comptes d’EDF étaient sincères, la faillite serait déjà déclarée

Dans cette étude, AlphaValue constate qu’EDF sous-provisionne largement les dépenses de démantèlement et de gestion des déchets nucléaires. D’après la fourchette la plus basse retenue par AlphaValue, ce sous-provisionnement est d’environ 50 milliards d’euros. Le bilan actuel d’EDF donne donc une idée trompeuse de l’état de santé financière du groupe.

Pour Florence de Bonnafos, chargée de campagne énergie et finances à Greenpeace, « si EDF provisionnait les coûts réels de ces dépenses liées au démantèlement et à la gestion des déchets, sa faillite serait déjà déclarée. Ce n’est pourtant pas qu’une histoire de chiffres ou de comptabilité : EDF doit, dès aujourd’hui, mettre 50 milliards de côté. L’entreprise en est tout simplement incapable ! ».

EDF sous-évalue ses investissements futurs

AlphaValue liste dans cette étude l’intégralité des investissements sur lesquels EDF s’est engagée pour les prochaines années. Il en ressort que les investissements prévus par EDF ne sont pas compatibles avec ses capacités financières.

« En faisant la somme des investissements futurs, on réalise qu’EDF devra dépenser 165 milliards d’euros sur les dix prochaines années, une somme astronomique sur laquelle EDF se garde bien de communiquer! » ajoute Florence de Bonnafos.

La seule marge qui reste à EDF est la fermeture de réacteurs

En analysant les résultats de l’évolution du modèle économique d’EDF à l’horizon 2025 et les impacts des différents scenarios liés à la loi de Transition énergétique, AlphaValue montre que, d’un point de vue financier, EDF bénéficiera sur le long terme d’une réduction de sa capacité nucléaire installée.

Pour Florence de Bonnafos, « en analysant le bilan financier d’EDF, il est évident que la stratégie industrielle de prolongation des réacteurs coûte plus cher que de les fermer. EDF, déjà au bord de la faillite, n’a pas les moyens de sa politique nucléaire. Les dirigeants du groupe doivent arrêter de jouer avec le feu ».