Paris, le 11 septembre 2012 – Greenpeace participera les 14 et 15 septembre à la conférence environnementale proposée par le gouvernement Ayrault. Pourtant, l’organisation s’est longtemps posé la question de sa présence. Son choix a été renforcé par l’avis des internautes, adhérents ou non, qui suivent les campagnes de Greenpeace. Ils ont été consultés sur l’opportunité de cette conférence. Dans leur grande majorité, ils ont insisté pour que Greenpeace soit bien présente dans le collège dont l’unique mandat est de défendre l’environnement.
« Nous abordons cette conférence avec méfiance mais avec la volonté dans un premier temps de jouer le jeu de la concertation », explique Jean-François Julliard, Directeur Exécutif de Greenpeace France. « Mais nous rappelons au gouvernement que la concertation ne fait pas une politique environnementale en soi. Il va devoir donner des gages de sa volonté d’une véritable transition écologique et énergétique. »
Signaux négatifs, questions sans réponses, aberrations
Les signaux envoyés par le gouvernement depuis quatre mois –l’affaire Bricq, les forages en Guyane, les ambiguïtés sur les hydrocarbures de schiste, les sorties polémiques d’Arnaud Montebourg- ont été globalement négatifs. Ensuite, concernant le déroulé de la conférence, il reste de nombreuses questions sans réponse. Par exemple, comment seront articulés les conférences sociale, agricole et environnementale et d’autres processus en cours comme la question de la tarification progressive de l’électricité ? Reste aussi une aberration : Il est inconcevable de traiter la problématique de reconquête de biodiversité, sans considérer les impacts de l’agriculture et de la pêche, principales activités économiques exploitant les ressources naturelles.
Futur débat sur l’énergie : empêcher la stratégie du « fait accompli »
Cette conférence est la première étape du débat sur l’énergie prévu à l’automne : on y parlera des modalités de la future discussion. L’occasion pour Greenpeace de fermement œuvrer avec les autres ONG pour la mise en place de garde-fous pour un débat ouvert et transparent.
« Greenpeace veut à tout prix éviter la stratégie du fait accompli souvent utilisée chez les groupes énergéticiens : des investissements qui conditionnerait les futurs arbitrages du gouvernement », explique Jean-François Julliard. »Nous demandons des moratoires, tant sur les investissements dans le nucléaire que dans les hydrocarbures non conventionnels, dont l’exploitation doit faire l’objet du débat. »
Un exemple, Greenpeace demande un blocage des travaux prévus par EDF sur la centrale de Fessenheim. Il serait inacceptable que l’Etat l’autorise à investir des millions d’euros dans cette centrale qu’il s’est engagé à fermer pendant son quinquennat.
« Cette centrale, la plus ancienne de France, est parmi les plus dangereuses. Pourquoi s’obstiner à mettre des pansements sur des jambes de bois ? » s’interroge Jean-François Julliard. « Delphine Batho a déclaré vendredi 7 septembre que la centrale devait être fermée le plus tôt possible : chiche ! Elle peut et doit être fermée immédiatement. »
De même, fracturation hydraulique ou pas, la conférence doit déboucher sur un moratoire sur la recherche ou l’exploration sur les hydrocarbures de schiste et les différentes ressources non conventionnelles pendant la durée du débat.
Enfin, sur le nucléaire, l’équation de François Hollande ne tient pas. Il est impossible de réduire de 25% la part du nucléaire dans le mix électrique avec la fermeture de la seule centrale de Fessenheim et la mise en service de l’EPR de Flamanville : « Le gouvernement devra ouvrir le débat à la possibilité de décider la fermeture d’autres centrales nucléaires en plus de celle de Fessenheim d’ici 2017. Greenpeace ne participera pas à un débat dont les conclusions seraient décidées d’avance. Tout ceci doit être acté lors de la conférence environnementale » conclut Jean-François Julliard.