Lundi 29 juin, Emmanuel Macron s’est entretenu avec les membres de la Convention citoyenne pour le climat. Six mois après avoir promis de reprendre “sans filtre” les conclusions de leurs travaux, il est revenu sur le sort réservé à leurs 149 mesures.
Après avoir salué le travail des citoyen·nes et demandé que ces mesures soient reprises dans leur ensemble [1], Greenpeace France dénonce l’utilisation de plusieurs “jokers” par le Président. De fait, il balaie ainsi immédiatement plusieurs mesures structurantes demandées par la CCC : sur sa politique commerciale en refusant la renégociation du CETA ou économique en refusant de taxer les dividendes.
Par ailleurs, malgré un énième discours emballé sur l’écologie le flou persiste sur les suites concrètes qui seront données aux autres mesures de la CCC. Emmanuel Macron a annoncé le démarrage d’un nouveau processus de concertation autour de plusieurs groupes de travail mêlant citoyen·nes et élu·es. Une réponse très éloignée du “sans filtre” avec un risque d’application à la carte et un suivi potentiellement dilatoire dans le temps, jusqu’à un éventuel référendum l’année prochaine.
Enfin le tempo de la Convention citoyenne pour le Climat ne saurait faire oublier les mauvais signaux envoyés par le gouvernement, notamment dans le cadre des budgets rectificatifs et des plans de soutien aux industries polluantes [2].
Pour Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France :
“Le message envoyé par les municipales est clair : l’écologie et l’urgence climatique ne sont plus seulement une préoccupation lointaine pour les Français·es, mais bien une priorité politique qui doit se traduire par des actes, des mesures concrètes et un véritable cap général en cohérence avec les objectifs de l’Accord de Paris. La Convention citoyenne ne dit pas autre chose et il faudra plus que des beaux discours à l’Elysée, pour satisfaire ces attentes profondes. Le refus d’encadrer les dividendes est un très bon exemple des limites de la volonté politique d’Emmanuel Macron : prétendre changer de modèle productif sans transformer notre système économique est une douce illusion.”
Pour Clément Sénéchal, chargé de campagne politiques climatiques pour Greenpeace France :
“ Au moment même où la Convention rendait ses conclusions et se prononçait, comme 81% des Français·es, pour des contreparties climatiques solides en échange de l’aide publique consentie aux grandes entreprises pour faire face à la crise, la majorité LREM retoquait toute forme d’éco-conditionnalité en commission des finances, lors de la discussion du 3e projet de loi de finances rectificative. Il s’agit pourtant de plusieurs milliards d’euros en faveur des secteurs aérien et automobile, lesquels pèsent déjà très lourd dans le mauvais bilan carbone du pays. L’épreuve de vérité commence donc réellement demain, lors de l’examen en séance plénière d’une partie du plan de relance à l’Assemblée nationale. Les député·es ont l’occasion de sortir de leur sommeil écologique en votant en faveur de conditions environnementales et sociales obligeant les entreprises polluantes à changer de modèle pour se mettre en règle avec l’Accord de Paris.”
Notes aux rédactions :
[1] Réaction de Greenpeace France à la session finale de la Convention citoyenne pour le climat le 21 juin 2020 https://www.greenpeace.fr/espace-presse/apres-la-ccc-tout-reste-toujours-a-faire-sans-filtre/
[2] Réaction au vote en commission des finances sur le PLFR 3 le 25 juin 2020 https://www.greenpeace.fr/espace-presse/plfr3-pas-de-cheques-en-blanc-aux-entreprises/