Deux mois après la publication du rapport spécial 1,5 du GIEC et le cri d’alarme des scientifiques, les Etats réunis à la COP24 n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur une révision à la hausse de leurs efforts climatiques nationaux (NDCs). La COP24 échoue ainsi à remettre les Etats sur une trajectoire compatible avec un réchauffement à 1,5°C d’ici la fin du siècle, pourtant prévu par l’Accord de Paris. La France a, quant à elle, brillé par son absence en Pologne.
Les Etats ont même été incapables de trouver un consensus pour accueillir favorablement ce rapport du GIEC, qu’ils avaient pourtant eux-mêmes commandé lors de la COP21, et faire de la science l’arbitre de leurs décisions
“Un fossé se creuse dangereusement entre la réalité du changement climatique décrite par la science, avec ses conséquences dramatiques pour les populations dans certaines régions du monde, et l’action politique. La COP 24 a donné le triste spectacle d’une incompréhension entre des pays qui défendent leurs intérêts économiques et industriels, et des pays vulnérables qui jouent leur survie. Au final, ce sont les peuples qui sont abandonnés”, regrette Clément Sénéchal, chargé de campagne climat pour Greenpeace France.
Le fait que les Etats aient pu, malgré tout, adopter des règles d’application minimales pour l’Accord de Paris montre qu’une forme de multilatéralisme autour de l’enjeu climatique reste possible. Hélas, sans l’ambition nécessaire, cette diplomatie risque de perdre peu à peu de sa consistance.
Greenpeace demande aux Etats de se ressaisir rapidement et de renforcer drastiquement leurs efforts diplomatiques et politiques pour lutter contre le changement climatique et protéger les populations vulnérables. Ils doivent se présenter au Sommet Spécial des Nations Unis sur le climat, le 23 septembre 2019, avec de nouvelles feuilles de route revues à la hausse (NDCs) et des promesses de financement adéquates.
La France aux abonnés absents
Ni Emmanuel Macron, ni Edouard Philippe n’ont jugé utile de se déplacer pour l’ouverture des négociations, lors de la journée réservée aux chefs d’Etat. François de Rugy n’a, lui non plus, pas daigné se déplacer en seconde semaine, lors des négociations politiques, laissant la place à Brune Poirson, qui elle-même est repartie 4 jours avant la fin des discussions.
“La France a renoncé à jouer un rôle moteur dans les négociations climatiques, au moment même où le besoin d’impulsion politique est indispensable pour décrocher un résultat ambitieux malgré les tensions”, déplore Clément Sénéchal. “L’enjeu climatique semble complètement dépriorisé par ce gouvernement, qui a déserté l’arène internationale. Malgré ses beaux discours et ses slogans faciles, Emmanuel Macron préfère dérouler le tapis rouge au secteur privé lors de One Planet Summit non-contraignants ”.
De nombreuses discussions de couloirs de la COP se sont focalisées sur la crise des gilets jaunes et la France a fait figure de contre-exemple pour son incapacité à mettre en œuvre une transition juste. La crédibilité française sur l’agenda climatique s’érode également du fait de ses mauvais résultats nationaux, avec des émissions en hausse et des objectifs en baisse. Jusqu’à maintenant, Emmanuel Macron manque à ses responsabilités, à savoir placer l’enjeu climatique au cœur d’un véritable projet de société.