L’accord qui a finalement été voté dans la nuit de samedi à dimanche prévoit une maigre enveloppe de 300 milliards de dollars annuels des pays développés pour soutenir l’action climatique des pays du Sud : un montant dérisoire au regard des besoins estimés à plusieurs milliers de milliards. Sans surprise, vu l’influence manifeste des lobbys pétro-gaziers au sein de la COP, l’accord ne fait pas non plus mention du principe pollueur-payeur. Enfin, l’accord final porte peu de considération également à la qualité des financements. Si la société civile avait appelé à ne pas voter d’accord du tout plutôt qu’un mauvais accord, celui-ci demeure clairement défavorable aux pays du Sud.
Les États du Nord, pour échapper à leurs responsabilités et ne pas contribuer davantage au financement, ont largement invoqué des contraintes budgétaires au niveau national.
Pour Sarah Cleaver, chargée de campagne Climat chez Greenpeace France : « Les gouvernements des États du Nord choquent par leur posture néocoloniale. En prétextant des contraintes budgétaires sans bouger le petit doigt pour mettre à contribution les profits indécents des compagnies pétrolières et gazières, ces gouvernements font preuve d’un mépris insupportable ; ils préfèrent donc préserver des intérêts privés, quitte à mettre en danger la vie des populations du Sud. »
Il ne s’agit pas que d’un enjeu de solidarité envers les pays du Sud : si les pays du Nord ne donnent pas aux pays du Sud les moyens d’agir contre le changement climatique, c’est l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre qui augmentent et la température mondiale avec, exposant ainsi l’humanité tout entière à des catastrophes climatiques plus nombreuses et plus violentes.
Cette position égoïste et irresponsable – qui a conduit à ce texte insultant pour les pays du Sud – est à l’image de celle adoptée par le gouvernement français. Au regard de sa responsabilité, s’acquitter de sa dette climatique conduirait naturellement la France à attribuer des financements sous forme de dons. Pourtant, Emmanuel Macron semble demeurer fidèle à son passé de banquier en préférant octroyer des prêts aux pays du Sud souvent déjà endettés : parmi tous les financements bilatéraux de la France pour l’adaptation entre 2019 et 2020, moins de 7% sont des dons, le reste demeure sous forme de prêts, aggravant encore la vulnérabilité de ces pays.
Des solutions de financements existent pourtant et il est plus que jamais nécessaire d’opérer un changement de paradigme en allant les trouver dans les profits faramineux de l’industrie fossile, première responsable de cette crise mondiale. Des pistes déjà évoquées par Emmanuel Macron avec des initiatives sur la scène internationale (pour le Sommet sur le pacte financier en juin 2023, ou la mise en place d’une task force promouvant une taxation des secteurs les plus émetteurs au lendemain de la COP28), mais qui restent loin d’être initiées au niveau national – comme ça aurait pu être le cas récemment à l’occasion des débats sur le budget 2025.
Greenpeace France appelle donc de toute urgence le gouvernement à faire payer les entreprises des énergies fossiles, à l’échelle nationale autant qu’à l’échelle internationale.
En 2022, les profits de l’industrie fossile au niveau mondial s’élevaient à 4 000 milliards de dollars, le coût des dégâts provoqués par les catastrophes climatiques dans le monde : 300 milliards de dollars. En taxant seulement 7,5% de ces profits, les gouvernements auraient pu régler la facture des catastrophes climatiques dont les pétro-gaziers sont responsables.
Greenpeace suivra avec attention les discussions qui mèneront à la COP30 l’an prochain au Brésil.