Brune Poirson s’est exprimée à la COP24 sur l’urgence climatique et le devenir des négociations dans les jours qui viennent. Malheureusement, nous avons assisté à un exercice d’autocongratulation peu convaincant.
Pour Clément Sénéchal, chargé de campagne climat pour Greenpeace France :
“Brune Poirson a rappelé l’importance d’une transition juste. Hélas, Emmanuel Macron fait l’inverse en France. Elle a également rappelé l’importance de la ‘confiance’ et de la ‘cohérence’ qui passent par le respect de l’Accord de Paris, et encouragé les états à rehausser leurs ambitions avant 2020… Dommage que la France se soit autorisée à augmenter ses budgets carbone pour les années à venir dans sa Stratégie Nationale Bas Carbone, celle dont s’est précisément félicitée Brune Poirson à la tribune ce soir.
La France est censée rehausser ses ambitions climatiques pour être en phase avec l’Accord de Paris, elle fait exactement l’inverse. Force est donc de constater que la cohérence entre les bonnes intentions énoncées au niveau international et les choix nationaux n’est pas là”.
Plus tôt dans la journée, Brune Poirson avait pourtant admis que la crise des gilets jaunes traduisait un manque de projet de société et de vision politique autour de l’enjeu climatique. On ne saurait mieux dire, au moment où les émissions repartent à la hausse en France et où la transition énergétique se voit décalée d’une dizaine d’années au moins.
La secrétaire d’état a beau affirmer que “La France s’efforce d’agir en conséquence à tous les niveaux”, sur le plan diplomatique, le dialogue est bloqué avec l’Allemagne, empêchant l’Union européenne de rehausser ses objectifs climatiques et de se rapprocher des recommandations du rapport 1,5°C du GIEC. Or, ce n’est pas la diplomatie parallèle des “One Planet Summits” mise en avant par la secrétaire d’Etat, laquelle consiste pour l’instant à fournir un agenda climatique non-contraignant au secteur privé, qui pourra pallier ce déficit.
“Il y a pourtant urgence à renouer avec une diplomatie forte sur l’ambition : les contributions actuelles des Etats nous placent en effet sur une trajectoire à +3°C au mieux d’ici à la fin du siècle, seuil qui pourrait être atteint dès 2030 pour certaines régions du monde. La confiance évoquée par Brune Poirson ne sera retrouvée qu’au prix de politiques publiques ambitieuses et d’une réelle justice sociale”, souligne Clément Sénéchal.