COP26 : E. Macron exporte le climato-cynisme
A la tribune cet après-midi, Emmanuel Macron a parlé ambition, confiance, transparence, solidarité et a rappelé que “le leadership exige l’exemplarité”. A mots couverts, le Président français a d’ailleurs mis en cause la Chine et les Etats-Unis dans les retards qui s’accumulent, plutôt que de questionner les bilans européens et français.
Tout cela est cohérent avec la stratégie d’autosatisfaction déployée depuis plusieurs jours par la France, mettant en scène le Président français comme “facilitateur” de la COP26, après plusieurs années d’absence.
Or, non seulement la maternité de l’Accord de Paris assigne à la France un rôle de leadership plus que de simple facilitateur, mais la réalité hexagonale est bien moins flatteuse. La France vient d’être condamnée par le tribunal administratif pour carences fautives dans la lutte contre le changement climatique. Elle est le seul pays européen du G20 à avoir augmenté ses financements fossiles depuis la signature de l’Accord de Paris (+24% en 2019).
Pour Clément Sénéchal, chargé de campagne climat pour Greenpeace France :
“Au-delà des sempiternels beaux discours, Emmanuel Macron arrive les mains vides à Glasgow. Aucune annonce significative n’est à retenir de l’intervention du chef de l’Etat français, malgré les condamnations qui s’accumulent sur son bilan. La posture de donneurs de leçon retenu par le président cadre mal avec le manque de cohérence au niveau domestique. Non seulement la France ne tient pas les objectifs fixés en 2015 à Paris, mais le Président a même relevé les plafonds d’émission autorisés. Plutôt que d’accélérer pour combler les retards, il a préféré enterrer les mesures de la Convention citoyenne pour le climat. Il refuse enfin de s’aligner sur la nouvelle ambition européenne. Les déplacements à fin électoraliste du Président n’y changeront donc rien : la France fait partie des pays démissionnaires au sein du multilatéralisme climatique.”
Le double discours international de la France est tel qu’en même temps que ces belles paroles, la France fait partie des 10 pays qui demandent à ce que le gaz soit inclus dans la taxonomie, la classification de l’Union européenne des investissements considérés comme verts.
Les dernières annonces sur le plan de relance, concentrées sur les fausses solutions technologiques, ont illustré l’incapacité du Président à engager le pays dans les transformations économiques incontournables pour face à la crise climatique et écologique.
Depuis la signature de l’Accord de Paris, la France a réduit ses émissions d’un peu plus de 1% par an. Selon le Haut Conseil pour le climat, il faudrait une réduction deux à trois fois plus importante pour respecter les objectifs légaux actuels du pays, et sept fois plus importante pour respecter l’objectif de l’Accord de Paris, selon l’ONU. En outre, la France a refusé de s’aligner sur le nouvel objectif européen de baisse des émissions de 55% en 2030 dans la loi Climat votée cet été, préférant s’en tenir à un statu quo pourtant obsolète.