Copenhague, le 15 décembre 2009 – Alors que les discussions de Copenhague entrent dans leur phase finale et que les négociateurs s’apprêtent à passer la main aux ministres puis aux chefs d’État et de gouvernement, Greenpeace tire la sonnette d’alarme pour dénoncer le travail de sape des États-Unis et l’immobilisme de l’Europe.
Exclusion des observateurs indépendants
Depuis plus de trente-cinq ans, au sein de l’Onu, les organisations non-gouvernementales (ONG) comme Greenpeace, co-architectes de la convention cadre des Nations unies sur le climat et du protocole de Kyoto, offrent au une grille de lecture critique, facilitent les négociations et jouent les médiateurs quand nécessaire.
Cette année, à Copenhague, plus la fin du sommet approche, moins ces ONG sont les bienvenues. Les délégations sont réduites à peau de chagrin, et le peu de gens qui parviennent à entrer au Bella Center ont bien du mal à travailler : les places dans les plénières sont restreintes, les réunions se tiennent à la dernière minute, les délégués sont de plus en plus inaccessibles, etc.
« Cette mise à l’écart des ONG est inquiétante, et elle met en cause la transparence du processus et ouvre la porte au « greenwashing », déclare Pascal Husting. La présence d’observateurs indépendants est essentielle si on veut éviter que la conférence de Copenhague se termine sur une belle photo de famille et un texte qui aura autant de substance qu’une brochure touristique. »
Où sont passé les chiffres ?
« Les négociations patinent et les inquiétudes grandissent quant à l’issue de la conférence de Copenhague, affirme Karine Gavand. Certains craignent de plus en plus qu’un accord au rabais ne provoque la colère des ONG qui gâcherait la belle unanimité que ne manqueront pas d’exprimer les chefs d’État à la fin de la semaine. »
Avec une réduction du nombre d’observateurs indépendants de 16 000 personnes accréditées au départ à 90 badgés vendredi, les ONG, qui représentent des millions de citoyens du monde entier, vont avoir le plus grand mal à suivre les négociations et à faire pression pour un accord équitable, ambitieux et juridiquement contraignant.
« Nous sommes préoccupés par le nombre de badges que nous aurons, mais les chiffres les plus inquiétants sont ceux qui ont disparu des textes de négociations, note Karine Gavand. Les États-Unis sont en train de tirer l’accord vers le bas, avec la bénédiction de la présidence danoise, clairement sous influence américaine, et celle de l’Union européenne dont l’immobilisme fait le jeu des Etats-Unis. »
Les États-Unis et l’Europe font patiner les négociations
L’Union européenne est tout juste capable d’afficher un objectif de réduction de ses émissions de 20 % d’ici à 2020, là où les dernières études scientifiques réclament 40 %. Comment ose-t-elle réclamer aux pays en développement de relever leurs ambitions alors qu’eux sont dans les clous ? Ils sont sur une trajectoire de réduction de la croissance de leurs émissions de 28 % par rapport à un scénario tendanciel, soit dans le haut de la fourchette préconisée par les scientifiques (15 à 30 %).
« Ceux qui vont perdre sont toujours les mêmes : les pays africains, les îles du Pacifique, ceux qui sont déjà victimes du dérèglement du climat, reprend Karine Gavand. L’arrivée de plus de cent chefs d’État avait soulevé de grands espoirs. Mais on craint désormais qu’ils se servent des financements précoces pour négocier un accord au rabais que des pays en développement seront obligés d’accepter : ils auront le choix entre ça ou rien. »