Copenhague, le 18 décembre 2009 – Pas de contrainte, aucun objectif à 2020 ni à 2050, pas de calendrier ni de mandat pour la signature d’un traité l’année prochaine : difficile d’imaginer pire conclusion pour la conférence de Copenhague que la déclaration présentée ce soir par Barack Obama et Nicolas Sarkozy. Aux antipodes de l’accord international équitable, ambitieux et juridiquement contraignant qui aurait permis de maintenir l’augmentation des températures sous la barre des 2° C.
« Ni équitable, ni ambitieux ni juridiquement contraignant. Si les Nations unies adoptent le texte présenté ce soir, les chefs d’État et de gouvernement réunis à Copenhague n’auront pas rempli leur mission, déclare Pascal Husting. Cette déclaration ne vaut pas la feuille de papier sur laquelle elle est écrite. Et les coupables le savent bien, qui se sont vite enfuis en avion, chez eux, la honte au front. »
Les chiffres ne sont pas à la hauteur
La déclaration réaffirme qu’il faut limiter le réchauffement planétaire à 2 °C d’ici à 2050. Impossible avec les engagements chiffrés cités en annexe…
« Quelle forfaiture : ce texte nous entraîne sur une trajectoire d’augmentation des températures d’au moins 3° C, ce qui revient à jouer à la roulette russe avec le chargeur à moitié plein, note Karine Gavand. Les seuls qui peuvent sabrer le champagne ce soir sont les industriels du charbon ou du pétrole et les climato-sceptiques. Copenhague est une régression par rapport à Kyoto. »
L’Europe paralysée laisse les États-Unis flinguer la conférence
À aucun moment l’Europe n’est sortie du bois. Elle en est restée au stade des discours, de même que la France, incapable de montrer l’exemple en améliorant son objectif de réduction de ses émissions ou en chiffrant le montant du soutien financier destinés aux pays en développement.
Les pays industrialisés sont responsables de plus des deux tiers des émissions rejetées dans l’atmosphère. La Chine a beau être devenue le premier pays émetteur de gaz à effet de serre, un Chinois n’émet que 4 tonnes de gaz à effet de serre par an, là où un Européen en rejette 10, et un Américain, 20.
« Il faut dire la vérité aux gens : on peut critiquer la Chine, mais ce sont les promesses non tenues et le manque d’ambition des pays riches qui ont complètement siphonné les négociations, déplore Pascal Husting. En matière de changements climatiques, Barack Obama s’inscrit dans la lignée de son prédécesseur George W. Bush. »
La naissance d’une mobilisation citoyenne mondiale pour le climat
« Les leaders de ce monde se montrent incapables d’accomplir la mission que leur ont confiée des millions de citoyens, conclut Pascal Husting. Voilà qui va rendre beaucoup plus difficile la lutte contre les changements climatiques. Mais dans ce désastre de Copenhague, une touche d’optimisme : la mobilisation citoyenne mondiale sans précédent qui va poursuivre ce combat. Nous ne pouvons changer la science, alors changeons de politique ! Et si nous ne pouvons changer de politique, alors changeons d’hommes politiques ! »
Attention : l’Onu doit encore adopter la déclaration politique
Attention, il n’y a pas encore de décision de la COP. Les quelque 190 Etats souverains rassemblés aux Nations unies doivent encore adopter le texte de négociations présenté ce soir par les Etats-Unis et la France – ce que ces derniers pont apparemment oublié, se croyant à un G8 et non à l’Onu ! Si ce texte est adopté, on pourra considérer que deux ans de travail et de négociations auront été perdus.