Copenhague, 19 décembre 2009 – Après une nuit mouvementée, les États membres des Nations unies ont clôturé le sommet mondial de Copenhague dans le chaos, l’amertume et la confusion. Les représentants des pays les plus vulnérables ont fini par perdre leur dernière bataille : l’assurance d’obtenir un accord juridiquement contraignant l’année prochaine, au Mexique.
Copenhague n’ouvre même pas la voie à un accord contraignant
« La conférence n’a même pas réussi à imposer la conclusion d’un accord juridiquement contraignant pour 2010. Certes, les négociations se poursuivront l’année prochaine. Mais il va falloir repartir de la case départ. Nous voilà exactement là où nous étions à Bali, il y a deux ans », déplore Pascal Husting, directeur de Greenpeace France.
Face à ce désastre, Greenpeace condamne fermement l’arrogance et l’égoïsme des chefs d’État et de gouvernement des pays les plus puissants au monde, qui ont tenté d’imposer un texte « à prendre ou à laisser », négocié entre eux et vendu aux médias avant même d’être présenté aux Nations unies.
Immense déception provoquée par les pays industrialisés
Principal responsable du désastre de Copenhague, le président des Etats-Unis, dont la venue avait soulevé d’immenses espoirs. Barack Obama a terriblement déçu en s’inscrivant dans la droite lignée de George W Bush son prédécesseur.
L’Europe a fait la preuve de son impuissance totale, incapable d’améliorer son objectif de réduction de ses émissions comme de chiffrer son soutien aux pays en développement après 2012. Incapable aussi de parler d’une seule voix. En témoignent les initiatives aventureuses et isolées de Nicolas Sarkozy, par exemple. A la tribune onusienne, le président français a certes interpellé avec vigueur ses homologues avec une série de provocations sur le mode « Qui osera dire ? ». Mais il s’est montré incapable de passer des belles paroles aux actes et laisse sans réponse la seule question vraiment importante : « Qui osera faire »…
Quant à la Chine, elle n’a certes pas facilité les négociations, mais il faut admettre qu’elle n’a pas à assumer comme les pays riches la responsabilité historique de la situation de crise climatique actuelle.
Les politiciens parlent, les leaders agissent
Le leadership n’est pas venu des pays responsables du dérèglement climatique et qui auraient pu faire de Copenhague un succès. Il est venu des millions de personnes qui se sont mobilisées pour les pousser à agir. Il est venu des pays les plus vulnérables, qui ont résisté jusqu’au bout de la nuit à l’accord que tentait de leur imposer une poignée de pays riches, leur donnant une leçon méritée de gouvernance mondiale.
« Des millions de personnes, riches ou pauvres, au Nord comme au Sud, ont pris conscience que notre avenir commun est en jeu et dépend des solutions que nous apporterons à la plus grande menace qui pèse sur notre planète. Si cette conférence est un échec, elle a ouvert la porte à un débat mondial sur la nécessité d’agir pour sauver la planète, c’est une première. Et la seconde étape c’est Mexico, l’année prochaine, conclut Karine Gavand, responsable de la campagne climat à Greenpeace France. Nous ne pouvons changer la science, alors il faut changer la politique. Et si nous ne pouvons changer de politique, alors changeons d’hommes politiques ! »