Pierrelatte, le 6 avril 2010 – Ce matin à 8h, huit activistes de Greenpeace ont démonté les rails de la voie entre les installations nucléaires du Tricastin et la gare de Pierrelatte (Drôme). Trois autres activistes sont fixés sur les rails. Cette voie devait accueillir ce matin le convoi de déchets nucléaires français en partance pour Le Havre où le navire russe, /Kapitan Kuroptev, /l’attend pour prendre la mer jusqu’à Saint-Petersbourg. Les forces de l’ordre et les industriels cherchent une solution pour faire partir le convoi…
« Nous sommes au Tricastin ce matin pour montrer une nouvelle fois notre volonté d’obtenir une arrêt immédiat des exportations de déchets nucléaires français vers la Russie, déclare Yannick Rousselet, chargé de campagne Nucléaire de Greenpeace France. Les industriels font tout ce qu’ils peuvent pour essayer de cacher leur trafic et de nous faire taire. Nos différentes interventions ces derniers mois ont mis à jour l’impuissance des industriels face à l’inextricable problème des déchets nucléaires. »
Les industriels essaient de faire appel à la justice pour bâillonner Greenpeace
Jeudi 1er avril Greenpeace a reçu une assignation devant le tribunal des référés à la demande d’Eurodif et TNI (filiales d’Areva). Celles-ci demandent de faire interdiction à Greenpeace de manifester son opposition à l’exportation de déchets nucléaires vers la Russie.
L’audience a lieu ce matin à 8h30 au TGI du Havre.
Dans la nuit le Kapitan Kuroptev est attendu dans le port du Havre (Seine-Maritime) et vendredi (9 avril) c’est le Mikhail Lomonosov qui doit arriver dans ce même port. Ces deux navires chargeront à leur bord des nouvelles cargaisons de déchets nucléaires en provenance du Tricastin et à destination de la Russie. Si les cargaisons arrivent…
« En pleine controverse sur la légalité des exportations des déchets nucléaires vers la Russie, non seulement Areva continue d’utiliser la Sibérie comme poubelle mais en plus elle tente d’instrumentaliser la justice pour cacher son trafic, déclare Yannick Rousselet. Depuis plusieurs mois et encore ce matin, Greenpeace agit pour faire la lumière sur la face cachée du nucléaire et aujourd’hui les industriels demandent à la justice de leur offrir un paravent. »
Des chiffres implacables
Pour Areva et EDF l’uranium appauvri est envoyé en Sibérie pour être enrichi et il est ensuite renvoyé vers la France. Ils mentent sur ce point.
Les chiffres officiels sur les flux de matière entre la France et la Russie du Haut Fonctionnaire de Défense publiés en décembre 2009 prouvent qu’Areva et EDF ne disent pas la vérité : depuis 2006, 33 000 tonnes d’uranium ont été exportées vers la Russie alors que seules 3090 tonnes ont fait le chemin inverse. Où sont les 30 000 tonnes manquantes ?
« Ces exportations seraient illégales si ces matières étaient qualifiées de déchets. Or aujourd’hui les industriels s’en sortent avec un mensonge honteux en parlant de matières valorisables, affirme Yannick Rousselet. C’est comme si on envoyait aux russes des oranges déjà pressées en leur disant que, peut-être, dans 50 ans ils pourront encore en tirer une goutte de jus. »
Le public ne veut plus de ces exportations !
En France, Jean-Louis Boorlo a déjà reçu plus de 29 000 demandes de moratoire sur ces exportations.
En Russie aussi les internautes peuvent écrire directement à Jean-Louis Boorlo et ils sont déjà nombreux à l’avoir fait…