Paris, le 6 octobre 2009 : Nappe phréatique contaminée, structure d’entreposage qui s’effondre, déchets de longue vie stockés dans des conditions inadmissibles : le bilan du Centre de stockage de la Manche (CSM), le seul centre de déchets nucléaires « fermé » en France est accablant. Une semaine avant la diffusion le 13 octobre sur Arte d’un documentaire choc sur l’industrie des déchets, Greenpeace France publie un rapport sur l’état de ce site commandé à l’ACRO, un laboratoire indépendant d’analyse de la radioactivité.
Avec 527 217 m3 de déchets de faible et moyenne activité entreposés entre 1969 et 1994, le CSM est un élément fondamental de compréhension des problèmes que pose le stockage pour des dizaines de milliers d’années des matières nucléaires. Pour le CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) : « le site de la Manche, après vingt-cinq ans de bons et loyaux services, figure désormais comme une référence technique internationale dans le stockage des déchets ». Malheureusement, à l’heure où l’industrie nucléaire voudrait croire et faire croire à sa renaissance, il apparaît plutôt que le CSM est symbolique de l’incapacité des industriels du nucléaire à gérer leurs déchets.
« Avant que l’irréparable ne se produise, le Centre de stockage de la Manche doit être réouvert et ses déchets reconditionnés, explique Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire de Greenpeace France. Ce stockage est la tragique illustration de ce qu’il ne faut justement pas faire ! »
A de nombreuses reprises ces dernières années, des associations, dont Greenpeace, mais aussi des responsables du site ont dénoncé les conséquences désastreuses de la gestion de ce centre. Le témoignage récent d’un des ingénieurs de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA), chef d’exploitation du site pendant de nombreuses années, est proprement accablant. Le site continue de fuir vers dans les eaux de la nappe souterraine de La Hague et menace de s’effondrer à tout moment.
« La crise de gestion des déchets nucléaires est la même partout dans le monde, explique Yannick Rousselet. Les industriels se rejettent la patate chaude, les pays nucléarisés exportent leurs déchets à l’étranger, et les politiques reportent la responsabilité de tout ça sur leurs successeurs… Résultat : l’humanité offre en héritage aux futures générations des milliers de tonnes de déchets radioactifs, le fruit pourri de quelques dizaines d’années de production d’énergie ! C’est inadmissible. »
Pour Greenpeace, le problème posé par les déchets nucléaires ne peut être balayé d’un revers de main : il est inconcevable de continuer à utiliser le nucléaire comme source d’énergie alors que le retour d’expérience de la gestion des seuls déchets de faible et moyenne activité est catastrophique. Qu’en sera-t-il pour la très haute activité ?
Il convient de reprendre complètement le Centre de Stockage de la Manche et d’assainir la zone déjà contaminée. Plus globalement, afin de résoudre l’origine d’un tel désastre, tous les nouveaux projets de centrales nucléaires doivent être abandonnés et les installations déjà existantes fermées.
A 75 jours du sommet de Copenhague, et alors que le lobby nucléaire prétend pouvoir aider à la lutte contre les changements climatiques, il est important d’avoir en tête ce que génère cette industrie : déchets, risques de sûreté et de sécurité, coûts et délais exorbitants, monopolisation des ressources au détriment de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables. Le nucléaire ne peut pas être une solution face à l’extrême urgence climatique.