La seule solution pour réduire ces risques est la fin immédiate de la guerre
L’invasion militaire de l’Ukraine décidée par Vladimir Poutine crée un danger nucléaire sans précédent : 15 réacteurs nucléaires en exploitation, dont ceux de la plus grande centrale nucléaire d’Europe, Zaporizhzhia, sont désormais exposés à de potentiels dommages. Ils pourraient avoir pour conséquence la contamination radioactive de larges territoires européens pour des décennies, y compris en Russie. C’est ce que montre une nouvelle analyse de Greenpeace publiée aujourd’hui [1].
Des troupes et du matériel militaire russes sont actuellement présents à quelques kilomètres de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, qui a produit 19% de l’électricité de l’Ukraine en 2020. La centrale compte six réacteurs de 950 MW et six piscines de refroidissement contenant des centaines de tonnes de combustible usé hautement radioactif. Trois réacteurs fonctionnent actuellement et trois ont été arrêtés depuis le début de la guerre.
Les informations rassemblées par les experts en énergie nucléaire de Greenpeace soulignent que la sécurité des centrales nucléaires et notamment celle de Zaporizhzhia est sévèrement compromise par la guerre. Les risques sont multiples. Les principaux problèmes concernent les réacteurs et le stockage des déchets nucléaires de haute activité, en particulier les piscines de combustible usé.
Alors que le réseau électrique est actuellement perturbé dans le pays, la stabilité des réacteurs et des piscines de stockage des combustibles usés est dépendante du bon fonctionnement des systèmes de refroidissement électriques. À cela, s’ajoute le risque d’accidents graves dans les unités opérationnelles, dus à des attaques directes, à un problème sur les générateurs diesels d’urgence de refroidissement en cas de panne électrique, à des problèmes de personnel et à des problèmes techniques, ou à une combinaison de ces éléments. Les conséquences de ce conflit pourraient être désastreuses, bien au-delà de l’impact de la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011.
Pour Jan Vande Putte, co-auteur de l’analyse, « un risque nucléaire exceptionnel vient s’ajouter aux terribles événements de ces derniers jours. Pour la première fois dans l’Histoire, une guerre de haute intensité se déroule dans un pays possédant de multiples réacteurs nucléaires et des milliers de tonnes de combustible usé hautement radioactif. Les manœuvres militaires autour de la centrale de Zaporizhzhia accroissent le risque d’un accident grave. Tant que cette guerre continue, la menace militaire sur les centrales nucléaires ukrainiennes demeurera. C’est une raison supplémentaire, parmi tant d’autres, pour laquelle Vladimir Poutine doit cesser immédiatement sa guerre en Ukraine ».
Depuis le début de la guerre en Ukraine, Greenpeace surveille de près les implications pour les installations nucléaires à travers le pays. Aujourd’hui, l’organisation publie une analyse technique de la vulnérabilité des centrales nucléaires lors de conflits militaires, et en particulier des risques majeurs pesant sur la centrale nucléaire de Zaporizhzhia dans le sud de l’Ukraine.
Greenpeace souhaite exprimer son respect et sa profonde gratitude à tous les travailleurs et travailleuses d’installations nucléaires en Ukraine, notamment Tchernobyl, qui travaillent dans des conditions extrêmes pour maintenir la stabilité des centrales nucléaires. Ils garantissent la sécurité non seulement de leur propre pays mais aussi d’une grande partie de l’Europe.
Pour Pauline Boyer, chargée de campagne Transition énergétique à Greenpeace France, « les risques nucléaires très sérieux que fait peser sur l’Europe l’invasion de l’Ukraine par les troupes de Vladimir Poutine devraient susciter une réflexion profonde sur les dangers de l’atome dans un contexte géopolitique instable. Cette guerre démontre la dangerosité du nucléaire et de notre dépendance au pétrole et au gaz fossiles dont nous devons sortir de toute urgence en accélérant le développement des économies d’énergie et des énergies renouvelables. Pourtant, des responsables politiques et candidat·es à l’élection présidentielle française ont trouvé là une nouvelle occasion de glorifier l’énergie nucléaire, au mépris de la réalité ».
Note aux rédactions
[1] La note de décryptage “La vulnérabilité des centrales nucléaires lors de conflits militaires – Parallèle avec Fukushima Daiichi – Focus sur Zaporizhzhia, Ukraine” de Jan VandePutte (conseiller radioprotection et chargé de campagne nucléaire, Greenpeace Asie de l’Est et Greenpeace Belgique) et Shaun Burnie (spécialiste nucléaire sénior, Greenpeace Asie de l’Est) est accessible en français ici.