Déforestation : Greenpeace s’indigne du report et du détricotage du règlement européen

Forêts

Le Parlement européen, sous l’impulsion du Parti Populaire Européen (PPE), vient non seulement d’approuver le report de l’application du règlement contre la déforestation mais aussi de voter des amendements qui en modifient la substance [1]. Greenpeace France s’alarme de cette décision, qui ouvre la voie à une année supplémentaire de destruction des forêts.

Sur proposition de la Commission européenne, les eurodéputé·es ont donc acté, le report d’un an de la mise en application de ce règlement (RDUE), qui vise à limiter l’impact de la consommation européenne sur les forêts du monde entier [2]. De plus, dans un scrutin très serré, ils ont aussi voté en faveur de certains amendements proposés par le PPE, affaiblissant ainsi le règlement [3]. Le vote des députés sera publié plus tard dans la journée. Pendant et immédiatement après le vote, certains députés ont protesté·es contre le fait que leurs machines de vote ne fonctionnaient pas.

En ouvrant cette procédure législative, l’UE a fait preuve d’un renoncement coupable, aux impacts terribles sur le plan environnemental, social mais aussi démocratique puisque l’UE cède face aux intérêts économiques de ceux qui détruisent la nature et mettent en péril notre avenir, dénonce Eric Moranval, chargé de campagne Forêts à Greenpeace France. Elle a ouvert la porte à une modification en profondeur du texte, actée par le Parlement qui vient d’en modifier la substance.”

Greenpeace appelle la Commission européenne à retirer sa proposition, qui a été modifiée bien au-delà de sa proposition initiale, à savoir un report d’un an – ce qui a justifié l’ouverture de cette procédure. En effet, les amendements du PPE entrent en conflit avec le message clair de la Commission quand elle a lancé cette procédure législative : le RDUE ne devait pas être remis en question, et cela ne devait pas aboutir à des changements substantiels. Il en va non seulement de la crédibilité des politiques publiques de l’UE, mais aussi et surtout de l’avenir de la planète.

Si l’UE persiste dans cette procédure législative, elle enverra un signal très négatif à la communauté internationale quant à la crédibilité de sa politique environnementale, s’alarme Eric Moranval. La Commission est coupable d’avoir tardé à fournir les outils nécessaires à l’application du règlement et surtout d’avoir ouvert cette procédure législative. Le PPE s’est empressé de détricoter la réglementation : les mots manquent pour qualifier une telle manœuvre politique qui n’est rien d’autre qu’un sacrifice de notre futur au profit de quelques intérêts économiques privés. Nous ne parviendrons jamais à résoudre la crise climatique si nous ne mettons pas un terme à la déforestation.

Pour rappel, les forêts abritent à elles seules 80 % de la biodiversité terrestre et constituent le deuxième plus grand puits de carbone de la planète après les océans [4]. La déforestation est un enjeu majeur dans la lutte contre le changement climatique : responsable de 12% des émissions de gaz à effet de serre annuelles, elle amenuise considérablement nos capacités à stocker le carbone. L’UE est responsable d’environ 10% de la déforestation mondiale, en raison notamment de sa consommation de viande, de soja pour l’alimentation animale, d’huile de palme ou encore de bois [5].

 

Notes aux rédactions :
[1] Voir Déforestation : l’UE doit refuser une année de destruction supplémentaire, communiqué de presse de Greenpeace France, 8 novembre 2024
[2] Voir également Deforestation law: the dismantling of the EU Green Deal has begun, but it can be stopped, communiqué de presse de l’unité européenne de Greenpeace, 14 novembre 2024
[3] Les amendements 3, 4, 5, 6, 7, 9, 10 et 11 ont été votés. Voir l’intégralité des amendements proposés par le PPE.
[4] Source : https://www.greenpeace.fr/deforestation/
[5] Source : https://pure.iiasa.ac.at/id/eprint/14868/1/1.%20Report%20analysis%20of%20impact.pdf