Paris, le 20 février 2017 – A la veille de l’annonce de ses résultats annuels, HSBC a publié aujourd’hui une nouvelle politique « Zéro Déforestation ».
La plus grande banque européenne répond ainsi à une étude de Greenpeace qui démontrait ses liens avec des entreprises qui détruisent les forêts tropicales indonésiennes [1], et à la mobilisation de plusieurs centaines de milliers de personnes partout dans le monde.
La nouvelle politique d’HSBC renforce les critères de sélection de ses clients, afin de leur interdire la déforestation, la conversion de tourbières en plantations et l’exploitation des travailleurs.
« Les forêts tropicales disparaissent à un rythme alarmant, et cette destruction est financée par de grandes banques internationales. L’engagement pris par HSBC de ne plus faire affaire avec des entreprises qui détruisent les forêts est un premier pas encourageant. Mais Greenpeace restera vigilante quant à l’application de cette politique, et invite les autres banques impliquées dans le financement du secteur de l’huile de palme à adopter des politiques similaires. Notamment BNP Paribas et le Crédit Agricole, également liés à des groupes dont les pratiques destructrices ont été dénoncées », rappelle Anne-Sophie Simpere, chargée de campagne Forêts pour Greenpeace France.
HSBC va être rapidement mise à l’épreuve : des images satellites montrent qu’une filiale du conglomérat sud-coréen POSCO Daewoo s’apprête à détruire environ 4000 hectares de forêts pour une nouvelle plantation dans la province indonésienne de Papouasie.
« Nos images montrent des milliers d’hectares de forêt quadrillées par des routes, un signe avant-coureur typique du déboisement d’une concession. POSCO Daewoo, client d’HSBC, envisage de saccager de vastes zones forestières. Ce projet est un test pour HSBC et ses nouveaux engagements : la banque ne peut pas continuer à financer POSCO Daewoo si cette dernière ne renonce pas à détruire la forêt tropicale de Papouasie », prévient Anne-Sophie Simpere.
Greenpeace va aujourd’hui écrire à toutes les autres banques dénoncées dans son rapport publié en janvier dernier pour leur demander quelles mesures elles comptent prendre en réaction à la nouvelle politique d’HSBC, et pour garantir qu’elles ne financent pas la déforestation [2]. BNP Paribas et le Crédit Agricole, les deux banques françaises citées dans cette étude, sont également impliquées avec le conglomérat POSCO Daewoo [3].
Conformément à la nouvelle politique d’HSBC, ses clients devront :
• S’engager à protéger les forêts et les tourbières d’ici le 30 juin 2017.
• Identifier et protéger les forêts et les tourbières sur leurs nouvelles plantations avant de commencer toute activité de développement.
• Faire vérifier par un organisme indépendant l’application de leur politique « zéro déforestation» d’ici le 31 décembre 2018.
Ces engagements sont indispensables pour protéger les forêts, le climat et la biodiversité. Le taux de déforestation de l’Indonésie est plus élevé que celui du Brésil et l’an dernier, les orangs-outans sont passés de la catégorie d’« espèce en danger » à celle d’« espèce en danger critique d’extinction », dans le classement de l’UICN.
D’après une récente étude, les fumées dégagées par les feux de forêts, qui sont alimentés par les entreprises de plantation qui déboisent les forêts et drainent les tourbières, ont causé plus de 100 000 morts prématurées en Asie du Sud-Est en 2015.
Notes aux rédactions :
[1] Le rapport « Dirty Bankers » est disponible en anglais ici. Le résumé du rapport en français « HSBC : ne mettez pas les forêts indonésiennes à découvert » ici.
[2] Les banques citées dans le rapport de Greenpeace “Dirty Bankers” : ABN Amro, ANZ, Bank Of America, Bank Of Tokyo- Mitsubishi, BNP Paribas, Citigroup, Commerzbank, Crédit Agricole, Credit Suisse, DBS, Deutsche Bank, HSBC, ING, Mizuho Bank, Rabobank, Standard Chartered, Sumitomo Mitsui, UOB.
[3] D’après les recherches menées par Greenpeace, au cours des cinq dernières années, 13 banques, dont HSBC, BNP Paribas et le Crédit Agricole, ont participé au montage de prêts en faveur de POSCO Daewoo et de ses filiales pour un montant total de près de 3,6 milliards de dollars, ainsi qu’à la souscription d’obligations pour plus de cinq milliards de dollars.