Paris, le 06/11/07 – Un cabinet de consultant spécialiste du thon rouge, ATRT, vient de rendre public un rapport qui met des noms et des chiffres sur une situation connue : l’absence totale de gestion de la pêcherie méditerranéenne du thon rouge. L’Espagne s’illustre notamment par des dépassements de quotas très importants. A trois jours de l’ouverture en Turquie de la nouvelle session de l’ICCAT (Commission internationale pour la gestion des thonidés de l’Atlantique) Greenpeace et le WWF demandent au gouvernement espagnol de s’expliquer.
L’écart entre production et exportations est le signe le plus visible de la pêche illégale ou suspecte. Ainsi, en 2006, l’Espagne disposait d’un quota de pêche de 6 266 tonnes. Cette même année, l’Espagne a déclaré 4 722 tonnes de capture soit 1 500 tonnes en dessous de son quota. Pourtant, elle n’a pas demandé, comme elle aurait pu le faire, la « restitution » de ces 1 500 tonnes pour la saison 2007. Or, les déclarations d’exportations espagnoles ventilées par pays client signalent elles, pour l’année 2006, des ventes de thon rouge à hauteur de 8 964 tonnes.
Dans une démarche commune, Greenpeace et le WWF demandent instamment au gouvernement espagnol d’apporter les éclaircissements nécessaires. « L’Espagne est le pays qui dispose du plus important quota de pêche, le seul pays européen à opérer sur les deux façades (Méditerranée et Atlantique) et à maîtriser toutes les techniques de pêche du thon rouge. Il est donc absolument nécessaire que les autorités espagnoles s’expliquent sur ces écarts et qu’elle le fassent vite, en tous cas avant l’ouverture des débats de l’ICCAT à Antalya » déclare Stéphan Beaucher, responsable de la campagne Océans de Greenpeace France. « L’ICCAT ne peut pas débattre sereinement de l’avenir de ce stock emblématique dans un climat de suspicion déjà largement alimenté par les affaires de fraude massive qui ont été rendues publiques » a-t-il conclu.
Deux jeux de données sont nécessaires pour évaluer les exportations de thon rouge :
- Les rapports de l’ICCAT, qui répertorient les ventes en fonction de la zone de capture et de l’engin de pêche. Pour les pays clients qui déclarent leurs importations à l’ICCAT, les deux valeurs figurent dans ce document.
- L’office statistique Eurostat, pour les pays qui ne déclarent pas leurs importations à l’ICCAT.
La prise en compte de ces deux sources évite l’écueil de la double comptabilisation, fréquent en matière d’analyse des échanges. Pour le thon espagnol, les importations comptabilisées par les douanes mais non déclarées à l’ICCAT se sont donc élevées en 2006 à 3 044 tonnes.
Alors que l’ICCAT va se réunir à Antalya en Turquie du 9 au 19 novembre, la saison 2007 se clôt sur un total d’environ 58 600 tonnes de captures pour 29 500 autorisées. Un tel écart jette une ombre supplémentaire sur la gestion chaotique de cette pêcherie.