Des forêts d’Indonésie au port de Rotterdam : Greenpeace dénonce le scandale environnemental de l’huile de palme
Le 24 décembre dernier, Greenpeace dénonçait l’arrivée d’une cargaison d’huile de palme criminelle à Rotterdam, en provenance d’Indonésie. Les activistes de Greenpeace ont peint sur le flanc du cargo l’Isola Corallo « L’huile de palme détruit le climat et les forêts ». Ce cargo transportait de l’huile de palme en Europe pour le compte du plus important producteur indonésien Sinar Mas. Greenpeace a déjà mené une action il y a huit semaines contre ce cargo dans le port de Dumai, à Sumatra en Indonésie.
Des enquêtes de terrain menées par Greenpeace ont démontré que Sinar Mas participe à la destruction des forêts tropicales humides indonésiennes, dont des tourbières, afin de fournir ses clients, notamment Nestlé, Pizza Hut et Burger king.
« Sinar Mas est un serial killer forestier et climatique » explique Jérôme Frignet, chargé de la campagne forêts pour Greenpeace France. « Malgré les discussions engagées avec eux, Sinar Mas ne change pas ses pratiques scandaleuses. Il est temps que les entreprises consommatrices, comme Nestlé ou Burger King, cessent de contribuer à la destruction des dernières forêts tropicales anciennes, et se faisant, au changement climatique ».
Unilever, qui est aussi un client de Sinar Mas, soutient l’appel de Greenpeace à un moratoire sur l’expansion des plantations d’huile de palme dans les forêts tropicales anciennes. En plus de ce moratoire, Greenpeace appelle les compagnies clientes de Sinar Mas à rompre leur contrat avec ce type d’entreprise.
L’Indonésie est aujourd’hui le 3ème pays émetteur de gaz à effets de serre après les USA et la Chine. Cela est dû presqu’entièrement à la déforestation massive en cours. Il s’agit d’une catastrophe pour le climat mondial, pour la biodiversité et pour certaines espèces en danger comme les orangs outans ou les tigres de Sumatra. En outre, la déforestation affecte directement les communautés vivant dans et de la forêt.
Jérôme Frignet, explique encore : « Si le gouvernement Indonésien ne prend pas des mesures rapides, des millions d’hectares de forêt primaire vont continuer à être coupés et brulés. L’hypocrisie doit cesser : d’un côté le gouvernement vend des concessions à des compagnies qui détruisent depuis longtemps les forêts, de l’autre côté, il réclame des fonds à la communauté internationale pour protéger ces même forêts. En préalable à l’octroi de ces fonds, le gouvernement doit imposer un moratoire qui mettra un terme à la déforestation commise par des entreprises comme Sinar Mas ».
Greenpeace a présenté un mécanisme de financement de la lutte contre la déforestation, « Des Forêts pour le Climat », dans le cadre des négociations internationales sur les changements climatiques, dont la dernière réunion vient de se tenir à Poznan. La protection des forêts tropicales est un enjeu majeur dans la lutte contre les changements climatiques, dans la mesure où la déforestation tropicale représente 20% des émissions de gaz à effet de serre liées à l’activité humaine (davantage que l’ensemble du secteur des transports). Les pays forestiers comme l’Indonésie négocient des compensations financières pour réduire leur déforestation. Pendant ce temps, l’expansion de Sinar Mas en Indonésie menace au moins 2 millions d’hectares de forêts primaires en Papouasie, Bornéo et Sumatra.
Pour en savoir plus, lisez la note de synthèse (en anglais) « Sinar Mas : Indonesian palm oil menace ».