Mardi 29 juin à 9h00, 34 activistes de Greenpeace France comparaissent devant le tribunal correctionnel de Valence suite à une intrusion sur le site de la centrale du Tricastin dans la Drôme. Ils et elles avaient entamé son démantèlement symbolique en février 2020 dans le cadre d’une action de désobéissance civile non-violente afin de dénoncer les risques liés au vieillissement du parc nucléaire français.
L’avocat de la défense, Maître Faro, plaidera la relaxe au nom de l’état de nécessité et de la liberté d’expression.
Un rassemblement citoyen de soutien aura lieu devant le tribunal dès 7h30.
© Andrea Olga MantovaniAlors que d’ici à 2025, deux tiers du parc nucléaire français auront atteint 40 ans (durée de vie pour laquelle les réacteurs ont été construits), Greenpeace rappelle, qu’au-delà de cette échéance, la sûreté des installations n’est pas garantie. De fait, le processus de contrôle technique des différents réacteurs concernés (VD4) n’en est qu’à ses débuts. [1]
“Personne ne peut dire aujourd’hui quels travaux seront nécessaires, ni si EDF aura la capacité financière, pour remettre ces vieilles centrales au niveau jugé acceptable par l’Autorité de Sûreté Nucléaire [2]. On ne sait pas non plus, ce que cela coûtera in fine au contribuable.
En attendant, les risques sont systématiquement minimisés et les centrales continuent de fonctionner sans qu’il n’y ait de véritable débat démocratique sur le sujet.” explique Roger Spautz, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace France.
Cette politique du fait accompli, chère à EDF, représente une menace réelle qui pèse directement sur la population et l’environnement alentour. C’est notamment le cas de la centrale du Tricastin située en zone sismique et dont la cuve du réacteur n°1 est connue pour être la plus fissurée de France. [3]
Face à l’ensemble de ces failles, la société civile se mobilise [4] et dénonce régulièrement les manquements d’EDF [5]. Greenpeace réclame notamment plus de transparence, un renforcement des contrôles et des sanctions, ainsi qu’un calendrier précis de fermeture, sans être entendue par les pouvoirs publics.
“A Tricastin ou ailleurs, face au laxisme des décideurs, Greenpeace et ses activistes ont choisi de désobéir pour lancer l’alerte. Leur action est légitime et nécessaire car elle met en lumière l’impasse du nucléaire.
Entre des centrales dangereusement dégradées et le fiasco technique et financier de l’EPR, l’atome est bien loin d’être la solution miracle pour le climat. Il est grand temps d’engager une réduction drastique de sa part dans le mix électrique français pour enfin investir dans la sobriété énergétique et les énergies renouvelables.” conclut Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.
Notes aux rédactions :
[1] Plus d’informations sur le calendrier glissant des quatrièmes visites décennales ici
[2] En 2019, Greenpeace a publié plusieurs notes techniques réalisées par des experts indépendants qui détaillent les difficultés techniques liées à la prolongation de la durée de vie des réacteurs de 900 MWe au-delà de 40 ans. Ces notes précisent notamment que certains composants majeurs, usés par des années de fonctionnement, ne sont pas remplaçables. Plus d’informations ici.
[3] Le 18 juin 2021, Greenpeace a publié des cartes réalisées par l’Institut Biosphère révélant la dispersion de la radioactivité sur le territoire en cas d’accident majeur sur le site du Tricastin. Plus d’informations ici
[4] Samedi 26 juin, plusieurs mobilisations, organisées par Greenpeace et des collectifs citoyens, sont prévues dans plusieurs villes de France pour dénoncer des centrales vétustes : à Montélimar, à Bordeaux, à Lille, à Gien, à Tours, à Angers, à Poitiers.
[5] Greenpeace a déposé de nombreux recours juridiques sur le secteur. Plus d’informations ici.