Le Premier ministre a cité la dette écologique de la France comme l’un des enjeux centraux de son mandat, au même titre que la dette budgétaire. Pour Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France : “Mentionner la dette écologique ne suffit pas, il faut mettre en place un programme politique ambitieux, à la hauteur de l’enjeu. Pour l’instant les signaux envoyés par le Premier ministre et son nouveau gouvernement ne sont pas suffisants et même contradictoires”.
Pour Greenpeace France, à l’instar de ce que suggère Michel Barnier, le tabou de la taxation des plus riches et des super profits des grandes entreprises doit effectivement être levé dès maintenant pour financer l’urgence écologique et sociale. L’occasion sera-t-elle enfin saisie d’adresser en particulier la responsabilité de l’industrie fossile, dont TotalEnergies, dans la crise climatique et de taxer ses bénéfices faramineux ? Le gouvernement entend-il mettre en place un ISF climatique pour faire participer les plus fortunés à mesure de leur contribution à la dette écologique ? Voilà qui serait un choix politique socialement et écologiquement juste.
Le Premier ministre parle d’une ‘écologie des solutions’ mais les solutions évoquées font plutôt partie du problème : nouveaux réacteurs nucléaires, recours accru à la biomasse à des fins énergétiques, bio-carburants pour l’aviation… “La dette écologique ne sera pas réduite par des fausses solutions technocentrées ou en écartant des solutions indispensables à la transition énergétique comme l’éolien, une énergie que semble vouloir évincer Michel Barnier », déplore Jean-François Julliard. Les autres piliers de la transition, la sobriété et l’efficacité énergétique, n’apparaissent quant à elles, dans le discours de Michel Barnier, que par une référence à la rénovation énergétique des bâtiments dont le calendrier sera “adapté”, une aberration au vu du potentiel qu’elles représentent.
Le Premier ministre promet également une grande conférence nationale sur l’eau et ses usages, mais on peut douter que les principales causes de la surconsommation, telles que l’agriculture intensive (irrigation des grandes cultures, méga bassines) et les centrales nucléaires, très consommatrices en eau, soient remises en question. D’autant qu’avec Annie Genevard au ministère de l’Agriculture, les lobbies de l’agro-industrie et la FNSEA disposent d’une alliée sûre au gouvernement.
L’impératif de réduction de la dette écologique de la France impliquerait de revenir sur certaines des coupes budgétaires annoncées, impactant le Fonds Vert, la prime à la rénovation thermique et le soutien aux énergies renouvelables. A cet égard, le Projet Loi de finances (PLF2025) qui sera introduit la semaine prochaine sera un bon indicateur de la sincérité et de la cohérence du Premier ministre.