La première édition de ce classement, paru en octobre 2018, avait mis en lumière l’entourloupe des “garanties d’origine” qui flouent les consommateurs en proposant une électricité non-renouvelable cachée derrière des offres vertes [1].
Selon Alix Mazounie, chargée de campagne Énergie pour Greenpeace France « Ce mécanisme de “garantie d’origine” contribue à un greenwashing de plus en plus problématique. De fait, l’argent des consommateurs et consommatrices sert à financer des énergies du passé à leur insu, plutôt que de contribuer à soutenir la transition énergétique. »[2]
Malgré cela, cette édition 2020 (basée sur des données de 2018 et 2019), montre que la situation progresse. Globalement, les consommateurs et consommatrices sont de plus en plus en demande d’énergie renouvelable et les fournisseurs de plus en plus tournés vers ces technologies. Cette tendance à la hausse s’observe à la fois au niveau de leur politique d’achat (volumes et nombre de contrats en hausse), de production (hausse des capacités installées) et d’investissement (contribution au raccordement de nouvelles installations renouvelables).
« Alors que les gros producteurs restent empêtrés dans des énergies du passé et des investissements toxiques, on observe une belle progression des énergies renouvelables. Pour preuve, fin 2019, cinq fournisseurs sont 100% renouvelables, contre seulement trois en 2017. En choisissant un fournisseur qui encourage réellement le développement des énergies renouvelables, les consommateurs et consommatrices agissent concrètement en faveur de la transition énergétique et du climat. Dans les années à venir, le développement des énergies renouvelables doit s’accélérer pour progressivement remplacer les énergies fortement émettrices de gaz à effet de serre ou génératrices de déchets radioactifs qui menacent la planète » conclut-elle.
Le classement pointe aussi du doigt les “mauvais élèves” qui, malgré des efforts pour développer les renouvelables, plombent encore le marché. Au niveau européen, l’électricité disponible reste largement carbonée, tandis qu’au niveau français l’électricité est largement nucléarisée.
En investissant encore beaucoup trop dans les énergies non-renouvelables, les acteurs historiques comme EDF, Total Direct Energie, Iberdrola, Eni, Vattenfall et Engie continuent de freiner la transition énergétique en Europe.
- Total Direct Energie et Eni restent résolument tournés vers l’exploitation et l’exploration de nouveaux gisements pétroliers et gaziers.
- Iberdrola, Vattenfall, Engie et EDF produisent encore beaucoup d’énergies fossiles, et investissent pour prolonger la durée de vie de leurs vieux réacteurs nucléaires.
- EDF continue d’investir 5 fois plus dans le nucléaire que dans le développement des énergies renouvelables.
Notes aux rédactions :
[1] Selon l’Ademe ou le médiateur de l’Énergie, l’électricité verte se définit comme une énergie issue d’énergies renouvelables par opposition aux énergies non-renouvelables comme le nucléaire, le charbon, le fioul ou le gaz. Cependant, la législation européenne permet à un fournisseur de proposer une “offre verte” dont l’électricité provient d’une centrale à charbon ou nucléaire, à condition que celui-ci achète un simple certificat (appelé « garantie d’origine »). En clair, rien n’oblige les fournisseurs se présentant comme verts à s’approvisionner en électricité renouvelable et on trouve souvent derrière certaines offres vertes une électricité d’origine fossile ou nucléaire, qui ne dit pas son nom.
[2] Dans son Avis sur les offres d’électricité verte paru en décembre 2018, l’Ademe a calculé que lorsqu’un fournisseur achète son électricité directement au producteur d’énergies renouvelables, c’est 29 % de l’argent du consommateur qui va au producteur –contre seulement 1 % si le fournisseur se contente d’acheter la garantie d’origine.