Cette après-midi, Emmanuel Macron présentait son programme à la presse. Le président sortant n’est pas un candidat comme les autres : il porte la responsabilité d’avoir fait perdre un quinquennat pour répondre à l’urgence climatique. Aujourd’hui, Emmanuel Macron jongle entre un bilan écologique dramatique et un programme qui brille par manque d’ambition sur l’enjeu climatique. De plus, il doit composer avec la perte de crédibilité de sa parole sur les enjeux écologiques, liée à sa stratégie de mensonges et de renoncements pendant le quinquennat précédent, dont le traitement de la Convention citoyenne pour le climat a sûrement été l’exemple le plus frappant.
Aujourd’hui, le candidat Macron est passé à côté de son rendez-vous avec les Françaises et les Français. Il passe à côté de la nécessité de transformer notre système économique en profondeur. Il n’est pas du tout à la hauteur sur les enjeux de régulation des entreprises polluantes et de transformation des secteurs polluants comme ceux des transports et de l’agriculture.
Par ailleurs, il réaffirme son attachement à une agro-industrie défendue par la FNSEA (fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) en répétant mot pour mot leurs éléments de langage et en défendant une fois de plus l’industrialisation de notre agriculture, au détriment d’un modèle agricole écologique, relocalisé et plus résilient. S’il déclare vouloir une « adaptation » de la stratégie Farm to Fork, c’est plutôt d’une suspension pure et simple dont il parle. En effet, sous couvert de répondre à une demande alimentaire mondiale, les représentants de l’agro-industrie cherchent à détricoter les rares avancées environnementales des politiques agricoles européennes pour pousser leur logique productiviste.
Or, la guerre en Ukraine rappelle de façon tragique que notre modèle agroalimentaire, basé sur toujours plus de production, est dans une impasse : nous devons sortir de la dépendance aux engrais et à l’importation d’alimentation animale, et non maintenir artificiellement ce système à bout de souffle.
Il n’est pas plus à la hauteur sur la transition énergétique, confirmant son souhait de construire de nouveaux réacteurs nucléaires EPR, faisant fi des échecs précédents, des incertitudes sur la technologie utilisée, des coûts, des risques, oubliant les difficultés de gestion des déchets radioactifs et les délais, bien trop longs pour permettre de répondre à l’urgence climatique.
Toujours enclin à parler d’indépendance énergétique européenne, Emmanuel Macron ne dit pas un mot sur la nécessité pour les entreprises françaises du nucléaire de rompre leurs contrats avec Rosatom et ses filiales. Pas un mot non plus sur le nécessaire retrait de TotalEnergies de Russie, alors que ce sont les énergies fossiles qui financent la guerre de Vladimir Poutine.
Pour Sarah Fayolle, chargée de campagne chez Greenpeace France « Emmanuel Macron a fait une nouvelle fois la démonstration de ce dont il est capable sur la question climatique : beaucoup de bavardage pour bien peu de mesures concrètes, et un déni global de la mesure de l’enjeu auquel nous devons faire face. Adepte des fausses solutions technologiques, Emmanuel Macron propose de continuer sur sa lancée de ces cinq dernières années, et donc de continuer à nous mener tout droit dans le mur. »