Pour Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France :
“La remise de non pas un mais deux prix à Emmanuel Macron pour sa soi-disant lutte en faveur du climat et de la planète ressemble à une farce tant ces récompenses sont déconnectées de la vérité.
Ces décorations pourraient faire sourire si elles ne permettaient pas au Président français de parader à l’international alors qu’en France il est loin de donner l’exemple”.
“Depuis son élection, Emmanuel Macron n’a pas avancé sur la transition énergétique dont le pays a besoin, et a au contraire soutenu des décisions allant à l’encontre de la défense de l’environnement, comme le maintien du glyphosate.
Le Président français brille surtout par son inaction sur le développement des énergies renouvelables, la lutte contre la déforestation importée ou sur la pollution atmosphérique liée aux transports.
Résultat : les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter en France”.
L’ensemble des organisations de la société civile française dénonce le manque d’action et d’ambition du gouvernement pour faire face aux enjeux climatiques.
- Les retards de mise en oeuvre de la loi de transition énergétique de 2015 sont chaque année plus importants. Dans leur observatoire de la transition énergétique, le Réseau Action Climat et le CLER, constatent la hausse des émissions de gaz à effet de serre françaises pour la troisième année consécutive et le retard conséquent sur le développement des énergies renouvelables.
- Le France considère que le fait que le nucléaire soit bas-carbone, et donc que le système électrique soit faiblement émetteur, justifie de ne pas agir sur les autre secteurs.
- Une fuite récente provenant des négociations européenne sur le soutien financier au secteur électrique (mécanisme de capacité) montre que la France s’est alliée à la Pologne pour s’assurer que le nucléaire et le charbon seraient bénéficiaires de ces soutiens. En somme, dans sa quête désespérée de soutien financier à l’industrie nucléaire, la France est prête à tout, y compris à soutenir l’industrie du charbon polonaise.( https://reseauactionclimat.org/alliance-interets-charbon-polonais-nucleaire-francais/
- Une autre fuite provenant du lobby des patrons européens, Business Europe, montre que leur organisation pour supprimer toute ambition au plan européen de lutte contre les dérèglements climatiques. Bon à savoir, ce lobby est dirigé par le français Pierre Gattaz et l’entreprise d’Etat EDF y fait partie des poids lourds. https://www.euractiv.fr/section/climat/news/business-lobby-prepares-pushback-against-eu-climate-goals-update/)
- La majorité parlementaire d’Emmanuel Macron a combattu les tentatives de mettre fin immédiatement à l’usage du glyphosate en France et elle a coupé les aides à l’agriculture biologique.
- De manière générale, la majorité d’E. Macron refuse d’engager la transformation du modèle agro-industriel français, laissant faire ainsi une destruction massive de la biodiversité et des émissions de GES représentant un quart des émissions de GES française.
- Dans le cadre des annonces budgétaires liées à la future loi mobilité, les dépenses prévues sur les mobilités propres et partagées restent dérisoires en comparaison des besoins et des dépenses prévues sur le réseau routier et pour la voiture individuelle, et le maintien de projets routiers climaticides, comme le GCO à Strasbourg, montre l’incohérence du gouvernement Macron. De plus, Emmanuel Macron a pu être perçu à l’international comme engagé du fait de l’annonce par son ancien ministre de l’environnement Hulot d’une fin de vente des véhicules diesel et essence en 2040, or cette date est bien trop tardive au regard de l’objectif 1,5°C et cela ne reste pour l’instant qu’une simple annonce qui n’est à ce stade pas inscrite/confirmée dans le projet de loi mobilité…
- La Stratégie nationale contre la déforestation importée ne comporte pour l’instant que des mesures incitatives anecdotiques, au lieu de régulations contraignantes. Emmanuel Macron ne protège pas les forêts, ni à l’étranger ni sur le territoire français. Bien au contraire : la bio-raffinerie de Total autorisée par l’Etat va faire bondir les importations d’huile de palme, dont la production détruit les forêts tropicales, le projet de méga mine Montagne d’Or en Guyane pourrait attaquer une des plus grandes réserves de biodiversité françaises.