Si l’industrie nucléaire française tente de se relancer en s’imposant aux forceps dans la taxonomie européenne, quitte à faire alliance avec le gaz, les incertitudes sur la technologie de l’EPR persistent.
La suite du chantier chaotique de l’EPR de Flamanville est incertaine, tandis que l’origine du problème sur le réacteur EPR de Taishan n’est toujours pas identifiée plus de 4 mois après sa mise contrainte à l’arrêt. A ce jour, une cause structurelle sur la technologie EPR, qui remettrait en question l’ensemble des réacteurs de ce modèle en chantier dans le monde, ne peut être écartée.
L’ASN a réagi aujourd’hui sur le sujet par l’intermédiaire de son directeur général adjoint, Julien Collet. Elle conditionne l’autorisation de mise en service de l’EPR de Flamanville “au retour d’expérience de l’écart de l’EPR Taishan 1”.
Pour Greenpeace France, ce rappel de prudence de l’ASN est salutaire. L’association demande un moratoire sur le chantier de l’EPR de Flamanville tant que les investigations sur la cause des problèmes sur l’EPR de Taishan n’ont pas abouti.
“Un moratoire sur le chantier de l’EPR à Flamanville est une mesure de bon sens. Tant qu’EDF et les autorités ne sont pas en mesure de dire ce qu’il s’est passé à Taishan, il est déraisonnable de continuer à miser sur une technologie peu fiable et si coûteuse. Jusqu’à quand la France s’obstinera-t-elle à soutenir le fiasco de l’EPR ?” souligne Nicolas Nace, chargé de campagne transition énergétique pour Greenpeace France.
Les projets de nouveaux réacteurs également remis en question
Julien Collet a également déclaré “avant toute décision qui concerne les projets d’EPR2, l’ASN a soulevé des questions essentielles pour la sûreté des futurs réacteurs nucléaires. Le gouvernement devra tenir compte des décisions de l’ASN face aux réponses qui seront fournies par EDF”.
“Emmanuel Macron, ainsi que plusieurs candidates et candidats à l’élection présidentielle, veulent engager la France dans la construction de nouveaux EPR, en court- circuitant tout débat démocratique. Cette injonction de l’ASN montre leur déconnexion totale avec la réalité industrielle du nucléaire français”, ajoute Nicolas Nace.