Avant même la finalisation des plans détaillés des futurs EPR2, les coûts de construction des six réacteurs nucléaires EPR2 en projet explosent de 30%. Dans la lignée du retour d’expérience du fiasco économique et industriel de la filière EPR, ces coûts sont encore largement sous-estimés. De l’ordre du prévisionnel, et encore bien loin de ceux annoncés pour le chantier d’Hinkley Point, ces chiffres ne prennent en compte ni la réalité des chantiers, ni les coûts financiers.
Alors que toutes les pistes sont aujourd’hui explorées pour le financement des six réacteurs EPR2, cette nouvelle estimation démontre l’incertitude et la fragilité de la stratégie d’EDF. Du côté du financement privé, ces nouveaux coûts pourraient échauder la confiance des investisseurs et faire gonfler le coût de financement et donc augmenter encore le coût final du projet.
Du côté du financement public, l’État français mène depuis des mois un lobbying intensif au niveau européen pour tenter d’obtenir l’aval de la Commission européenne pour financer tout ou partie de son programme nucléaire avec de l’argent public, tout en refusant de s’engager sur des objectifs clairs de développement des énergies renouvelables. Alors que Les Echos révélaient hier l’explosion des coûts du programme “Nouveau Nucléaire” d’EDF, le gouvernement français signait à Bruxelles une déclaration de l’Alliance nucléaire avec onze autres pays, enjoignant à la mise en place d’une réflexion sur le financement de l’énergie nucléaire au niveau européen.
Pour Pauline Boyer, chargée de campagne Transition énergétique pour Greenpeace France : « En s’obstinant à relancer une industrie trop chère et trop lente face à l’urgence climatique, le gouvernement français sabote délibérément la transition énergétique. Dans un contexte d’austérité, la stratégie du “quoi qu’il en coûte” du gouvernement pour le nucléaire ne pourra pas tenir longtemps. Quels acteurs privés voudraient investir dans une filière clairement immature, dans la filiation du fiasco économique et industriel des réacteurs EPR, pour financer des réacteurs qui ne verront pas le jour dans les délais annoncés ? Ces dizaines de milliards d’euros doivent être investis de toute urgence dans des mesures de sobriété et d’efficacité énergétiques et dans le développement des énergies renouvelables, seules solutions adaptées et suffisamment rapides pour tenir l’objectif de l’accord de Paris de limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C. »