Cherbourg, 6 décembre 2009 – Ce soir, à 20h30, Yannick Rousselet, responsable de la campagne Énergie/Nucléaire de Greenpeace France, s’est enchaîné à la voie ferrée, près de la gare maritime de Cherbourg. Son objectif : empêcher l’arrivée d’un train attendu à Cherbourg dans les heures qui viennent et chargé de nombreux containers de déchets nucléaires. Le Kapitan Lus, un navire annoncé demain vers 7h30, devrait acheminer cette cargaison vers la Russie.
« En l’absence de décision des pouvoirs publics, Greenpeace est déterminée à imposer un moratoire sur les exportations de déchets vers la Russie, au moins le temps que les enquêtes commanditées par le ministre Jean-Louis Borloo aboutissent, explique Yannick Rousselet. Areva et EDF mentent quand ils disent que le nucléaire est recyclable et qu’ils envoient en Russie des matières qui sont ensuite valorisées et rapatriées en France. En réalité, l’immense majorité de ces matières est abandonnée sur place. La France exporte des déchets nucléaires dont elle ne sait que faire. Greenpeace le dit depuis des années. Et les enquêtes en cours le prouvent. »
Révélation : les chiffres accablants du Haut comité
Greenpeace publie (en pièce jointe) un rapport du « Service de défense de sécurité et d’intelligence économique », qui a été rédigé à la demande du Haut comité sur la transparence et l’information sur la sûreté nucléaire (HCTISN), saisi par Jean-Louis Borloo pour faire la lumière sur l’inventaire et les flux de matières nucléaires entre la France et la Russie. Selon ce rapport officiel, depuis 2006, 33 000 tonnes d’uranium ont été exportés vers la Russie (dont 23 540 tonnes d’uranium appauvri) et seulement 3 090 tonnes ont été réexpédiées en France !
Reprise des exportations de déchets nucléaires la veille de Copenhague…
Lundi 7 décembre, s’ouvre le sommet de Copenhague pour lequel Greenpeace est très mobilisée et qui concentre toute l’attention des médias. Est-ce un hasard si Areva, forcée par Greenpeace depuis deux mois d’interrompre ses transports de déchets nucléaires vers la Russie, a choisi cette date pour reprendre son trafic ?
« L’industrie nucléaire ne supporte pas la transparence et espère sans doute reprendre discrètement son sale business. Nous sommes là pour l’en empêcher, poursuit Yannick Rousselet. Ce transport rappelle que le nucléaire n’est pas une énergie propre et ne peut être une solution aux changements climatiques. Il ne doit pas avoir de place dans les négociations de Copenhague./i> »
Les enquêtes en cours, rappel
Suite à différents scandales survenus début octobre (révélation du stockage de déchets radioactifs français en Sibérie, découverte de kilos de plutonium « oubliés » à Cadarache), Jean-Louis Borloo a saisi le Haut comité pour la transparence et l’information sur la sûreté nucléaire. Le 19 octobre, ce Haut comité a demandé l’inventaire global des matières et déchets produits dans le cycle du combustible nucléaire. Il a commencé à auditionner l’ensemble des exploitants le 20 novembre, et doit rendre ses conclusions avant la fin janvier.
Depuis mi-octobre, Greenpeace a demandé au ministre de décréter un moratoire au moins le temps que l’ensemble de ces investigations aboutissent. Une demande relayée sur www.greenpeace.fr par plus de 5 000 internautes. Comme Jean-Louis Borloo fait la sourde oreille, Greenpeace s’est mobilisée au Havre et Cherbourg et a réussi à imposer de fait cette suspension des transports vers la Russie.