Le Havre, le 23 octobre 2009 – Greenpeace dénonce le départ imminent d’un navire russe, le Kholmogory, affrété par Areva et qui quitterait dans la nuit le port du Havre (Seine Maritime) en direction de la Russie, afin d’y exporter une nouvelle cargaison de matières nucléaires, sans qu’ait été élucidée la question du devenir de ces matières qui défraie la chronique depuis une dizaine de jours. L’organisation écologiste demande à Jean-Louis Borloo et à Chantal Jouanno de décréter un moratoire immédiat sur les exportations de matières nucléaires.
Devraient être chargés sur le navire d’ici ce soir trois types de containers :
– une cinquantaine de cuves UF6, dans des containers de type 48Y, susceptibles de contenir de l’uranium naturel appauvri, ce qui correspondrait aux déclarations faites ce matin par Areva,
– 28 containers 30B, habituellement utilisés pour transporter des matières radioactives et dont Areva refuse pour l’instant de préciser le contenu,
– deux autres containers estampillés des logos officiels signalant des matières radioactives et dont le contenu reste lui aussi inconnu.
« Il est intolérable que les industriels du nucléaire EDF et Areva continuent en toute impunité leur sale business, alors que les responsables politiques ont reconnu que ces entreprises mènent leurs activités dangereuses sans transparence », déclare Yannick Rousselet, responsable de la campagne Énergie/Nucléaire de Greenpeace France, depuis le port du Havre.
Greenpeace demande au ministre du Développement durable et de l’Énergie Jean-Louis Borloo et à la secrétaire d’État à l’Écologie Chantal Jouanno de décréter un moratoire immédiat sur les exportations de matières nucléaires le temps qu’aboutissent les enquêtes en cours, c’est-à-dire :
– l’inventaire global des matières et déchets produits dans le cycle du combustible nucléaire demandé par le Haut comité pour la transparence et l’information sur la sûreté nucléaire (HCTISN), qui s’est réuni le 19 octobre, saisi par Jean-Louis Borloo ;
– les auditions et l’investigation que va mener ce Haut comité, qui devra rendre ses conclusions en janvier 2010 ;
– les auditions des responsables de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), d’Areva, de l’Andra, organisées à l’Assemblée nationale, qui pourrait lancer une commission d’enquête parlementaire sur la filière nucléaire ;
– l’enquête préliminaire ouverte par le parquet d’Aix-en-Provence suite à la découverte des dizaines de kilos de plutonium sur le site de Cadarache.
Sur son site www.greenpeace.fr, Greenpeace appelle les citoyens à envoyer un email à Jean-Louis Borloo pour lui réclamer ce moratoire immédiat.
Si les pouvoirs publics ne refusent de prendre leurs responsabilités, Greenpeace mettra tout en œuvre pour s’opposer à la poursuite de ces exportations de déchets nucléaires.
« Depuis des années, Areva prétend envoyer de l’uranium en Russie pour le transformer afin de le réutiliser, alors qu’en réalité la majeure partie de cette matière n’est pas réutilisée. Voilà pourquoi nous considérons cet uranium comme un déchet, reprend Yannick Rousselet. Ce trafic dure depuis plus de trente ans, ces déchets vont et viennent dans l’opacité la plus totale. Le Haut comité sur la transparence a raison d’exiger la publication par les exploitants des inventaires et flux des matières et déchets nucléaires. Les responsables politiques doivent cesser de laisser les industriels faire ce qu’ils veulent sans contrôle démocratique. »