Saint-Nazaire, le 11 mars 2010 – Greenpeace continue à empêcher le départ pour la Russie de la cargaison de déchets nucléaires. La nuit dernière une douzaine de militants ont bloqué un convoi de déchets nucléaires français entre 1h45 et 8h en gare de Valenton (Val-de-Marne). Par ailleurs, l’Esperanza, l’un des navires de Greenpeace, a jeté l’ancre tôt ce matin dans l’estuaire de la Loire, aux abords du port de Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique). C’est dans ce port qu’est annoncé le Kapitan Kuroptev, le navire russe chargé d’acheminer les déchets vers la Russie.
Résultat : ni le train, ni le navire russe n’ont pour l’instant atteint leur destination. Le convoi ferroviaire stationne dans la gare de triage de Saint-Pierre-des-Corps, près de Tours (Indre-et-Loire). Quant au cargo, il se cache toujours en mer…
« Notre action en région parisienne conjuguée à la présence de notre navire montrent une nouvelle fois notre détermination à faire cesser ces exportations de déchets nucléaires, déclare Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire de Greenpeace. En perturbant le bon déroulé de ces expéditions, nous dénonçons et nous mettons en lumière l’inextricable problème posé par les déchets nucléaires. Nous restons donc mobilisés à Montoir-de-Bretagne, où le Kapitan Kuroptev et le train de déchets nucléaires sont attendus dans les prochaines heures. »
La machine se grippe
Initialement les convois ferroviaires de déchets nucléaires en provenance du Tricastin n’avaient que deux destinations : Le Havre et Cherbourg. Pour le dernier convoi en date, parti hier à 16h du Tricastin alors que son départ était prévu le 8 mars, c’est une nouvelle destination qui a été choisie au dernier moment : Montoir-de-Bretagne.
« Il est clair qu’EDF et Areva ne cessent de changer leurs plans pour essayer une nouvelle fois d’éviter d’attirer les regards sur leur trafic », reprend Yannick Rousselet.
Des chiffres officiels accablants
Areva et EDF jouent sur les mots et prétendent que les matières envoyées en Russie ne sont pas des déchets, mais des matières destinées à être enrichies et qu’une fois cette opération terminée, elles reviennent en France.
C’est faux, des chiffres officiels prouvent le contraire. Le rapport sur les flux de matières entre la France et la Russie, fourni par le Haut fonctionnaire de Défense en décembre dernier, montre que depuis 2006, 33 000 tonnes d’uranium ont été exportées vers la Russie (dont 23 540 tonnes d’uranium appauvri), alors que seules 3 090 tonnes d’uranium font le chemin inverse (et ne sont probablement pas issues du recyclage des matières envoyées). Quid des 30 000 tonnes manquantes ?
« L’industrie nucléaire française ne peut plus se cacher. Nous avons aujourd’hui des chiffres provenant d’une source officielle qui démontrent que son discours sur ces exportations est faux, dit Yannick Rousselet. Il faut tirer cela au clair et cesser de considérer la Russie comme une poubelle. Voilà pourquoi nous demandons à Jean-Louis Borloo de prendre un moratoire immédiat sur ces exportations. »
Un scandale dont s’empare le grand public
Greenpeace propose au public d’envoyer une lettre à Jean-Louis Borloo via la page www.greenpeace.fr/stop-nucleaire. Le ministre a ainsi reçu plus de 27 000 demandes de moratoire.