Alors que l’Amazonie brésilienne a connu son son pire mois de juin depuis 13 ans pour les feux de forêt (près de 20% de plus par rapport à 2019 [1]), Greenpeace Brésil a photographié des foyers d’incendies dans l’Etat du Mato Grosso, au coeur de la forêt amazonienne. Ces feux sont illégaux en raison de l’interdiction d’incendies dans cet État par le gouvernement de juillet à septembre. Greenpeace a également capturé des images de zones prêtes à être incendiées et d’autres complètement brûlées, démontrant l’ampleur de la catastrophe écologique et sanitaire.
Photos et vidéos disponibles ici : https://media.greenpeace.org/collection/27MDHUVZBU0
« Ces images, ainsi que les taux records de déforestation cette année [2], sont le résultat escompté de la stratégie à long terme de Bolsonaro pour l’Amazonie, explique Cécile Leuba, chargée de campagne Forêts à Greenpeace France. Depuis sa prise de fonction en 2019, son gouvernement a démantelé les lois de protection de l’environnement et réduit le pouvoir des agences de protection de l’environnement, allant jusqu’à utiliser la pandémie du COVID-19 comme écran de fumée pour favoriser davantage la déforestation, l’exploitation forestière et l’exploitation minière en Amazonie. Cette administration ne fait que mettre le climat et davantage de vies en danger, en particulier celles des peuples autochtones. »
Une catastrophe écologique et sanitaire
En juin 2020, 2 248 foyers d’incendies ont été recensés en Amazonie, soit une augmentation de 19,57% par rapport à juin 2019 (1 800) et le plus grand nombre enregistré pour le mois de juin depuis 2007. Avec 4 437 foyers comptabilisés [3], l’Etat du Mato Grosso a enregistré le plus grand nombre d’incendies en Amazonie brésilienne cette année, soit près de 50% de tous les incendies de 2020, pour cette zone [4].
En réponse à la situation d’urgence, un “moratoire sur les incendies” de 120 jours a été annoncé par Bolsonaro le 16 juillet. Pour Greenpeace, cette mesure s’avère d’ores et déjà inefficace : la seule interdiction des incendies, comme cela a été le cas en 2019, ne fonctionne pas. Il est essentiel de protéger la capacité de surveiller, d’arrêter la destruction de l’environnement et de faire appliquer la loi – que Bolsonaro continue de démanteler systématiquement.
Les peuples autochtones, déjà particulièrement vulnérables face au COVID-19, sont en première ligne face à ces incendies qui intensifient la pollution de l’air et sont une menace supplémentaire pour leur santé. Depuis le 8 mai dernier, Greenpeace Brésil, en collaboration avec d’autres ONG et partenaires, ont d’ailleurs mis en place l’opération Wings of Emergency pour apporter de l’aide d’urgence aux populations autochtones face au covid-19 [5].
La France “complice”
Malgré l’importance capitale de l’Amazonie pour le climat, les grands incendies qu’elle subit ne sont pas le fruit du hasard : ils sont délibérément provoqués par des propriétaires terriens pour étendre leurs surfaces d’exploitation, en particulier pour l’élevage et l’agriculture industrielle.
« Alors que l’Amazonie brûlait déjà en 2019,Emmanuel Macron avait reconnu “la part de complicité” de la France dans cette catastrophe [6], rappelle Cécile Leuba. Force est de constater, un an après, que rien n’a été fait pour mettre fin aux importations qui contribuent à la déforestation. La Stratégie Nationale de Lutte contre la Déforestation importée (SNDI) publiée en 2018 ne comporte aucune mesure contraignante et n’est pas mise en oeuvre.Le gouvernement doit de toute urgence se conformer à ses engagements en ne laissant plus entrer aucune matière première ou produit transformé issus de la déforestation, de la dégradation des forêts ou de la conversion des écosystèmes naturels. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’appliquer immédiatement les grands principes énoncés dans la SNDI. Il est urgent que le gouvernement arrête les belles paroles et passe aux actes. »
Notes aux rédactions :
[1] Source : Institut National des recherches spatiales (INPE).
[2] La déforestation de l’Amazonie a atteint un record avec une accélération de 25% au cours du premier semestre par rapport à la même période de 2019. Source : Institut National
des recherches spatiales (INPE).
[3] Nombre de foyers d’incendies enregistrés du 1er janvier au 13 juillet.
[4] Analyse basée sur les données de l’INPE (Institut brésilien de recherche spatiale).
[5] Plus de 28 tonnes de fournitures médicales urgentes ont été livrées dans des zones reculées de l’Amazonie : tests COVID-19, bouteilles d’oxygène, désinfectants pour les mains et équipements de protection individuelle. Plus de 50 groupes autochtones sont concernés depuis le 8 mai. Lire le communiqué de presse (09/07/2020 – en anglais).
[6] Interview d’Emmanuel Macron du 26/08/2019.
Photos et vidéos disponibles ici.