Paris, 6 octobre 2010 – Alors qu’aujourd’hui, l’Union européenne doit se prononcer sur les règles de sécurité en matière d’offshore profond, les Etats-Unis donnent un bien mauvais signal en annonçant la levée du moratoire sur les forages en eaux profondes dans le golfe du Mexique. Le désastre de Deepwater Horizon est-il déjà oublié ?
Etats-Unis : de fausses promesses, pour faire oublier BP
L’administration Obama avait instauré le 12 juillet dernier un moratoire sur les forages en eaux profondes jusqu’au 30 novembre. Mais le secrétaire américain aux Affaires intérieures, Ken Salazar, a annoncé hier la levée de ce moratoire : des progrès significatifs auraient été faits pour réduire les risques de marée noire. De meilleures règles de sécurité seraient mises en place et les ressources nécessaires à un plan de secours seraient suffisantes pour répondre à une nouvelle catastrophe. Mais les ressources en question sont les mêmes que celles utilisées pour contenir la fuite de la plateforme de BP. Elles ont bien démontré leurs limites ces derniers mois. Ken Salazar a qualifié les nouvelles règles de sécurité de normes « en or », mais a admis qu’il y aurait toujours un risque avec l’offshore profond. La Maison blanche veut en fait nous faire croire qu’on peut revenir au forage tel qu’il était pratiqué avant le désastre…
« Nous commençons tout juste à appréhender les impacts de la marée noire de BP. Comment les Etats-Unis pensent-ils pouvoir nous faire croire que quelques règles techniques et bureaucratiques vont empêcher une nouvelle catastrophe? Une fois encore, les compagnies pétrolières font la preuve de leur pouvoir sur l’administration américaine. Ces industriels veulent nous faire oublier Deepwater Horizon. », déclare Anne Valette, chargée de campagne Climat à Greenpeace France.
Union européenne : l’arrêt de l’offshore profond en jeu
Aujourd’hui, le Commissaire européen à l’énergie, Gunther Oettinger, doit annoncer de nouvelles règles de sécurité en matière de forage profond en mer, dans les eaux européennes. Les marées noires ne connaissant pas de frontières, l’Union européenne a donc besoin de règles communes. Aujourd’hui chaque pays gère ses eaux territoriales Cependant, sous la pression du gouvernement anglais, la proposition initiale de moratoire sur tout nouveau projet profond en mer pourrait être remplacée par une suspension des autorisations uniquement pour « les projets offshore complexes », une notion qui reste à définir aujourd’hui.
« Tout le monde admet que le risque zéro en matière d’extraction offshore profond n’existe pas. », déclare Anne Valette. « Mais le Parlement européen s’est malgré tout prononcé la semaine dernière contre l’idée d’un moratoire sur les forages en eaux profondes dans l’UE. La Commission sera-t-elle, quant à elle, à la hauteur ? »
Il faut sortir du pétrole pour une révolution énergétique
Pour limiter la hausse des températures sous la barre des 2°C, nous ne devons pas brûler plus du quart des réserves « prouvées », les réserves extractibles dans les conditions techniques et économiques actuelles, en fossiles (pétrole, gaz et charbon) d’ici à 2050. Aujourd’hui, il est donc plus que temps que nos gouvernements arrêtent de prendre des demi-mesures et engagent une révolution énergétique qui nous permettra de sortir de notre addiction au pétrole. Pour cela, Greenpeace demande:
– La fin des projets pétroliers à hauts risques : off-shore profond, sables bitumineux, forage sous l’Arctique… et la sortie progressive des fossiles d’ici à 2050.
– La réduction de la demande en pétrole, notamment dans le secteur des transports.
– Le développement les énergies renouvelables et des économies d’énergie.
Par ailleurs, alors que les accidents et catastrophes liés à l’industrie pétrolière se sont multipliés ces derniers mois, Greenpeace publie toutes les semaines sur son site une revue du web du pétrole : http://bit.ly/aaNaYD