Fuite radioactive à Pierrelatte/Tricastin : le nucléaire n'est décidément pas une énergie propre !
Alors que l’industrie tente de minimiser l’événement, Greenpeace fait la lumière sur la gravité du rejet d’uranium, qui s’est produit sur l’installation de la société Socatri, gérée par Areva et implantée sur le site de Pierrelatte (Drôme), où sont aussi situées la centrale nucléaire de Tricastin et l’usine d’enrichissement d’uranium Eurodif.
« La pollution radioactive est inhérente à l’industrie nucléaire. Centrales, usines de retraitement ou centres de stockage : tous ces sites rejettent quotidiennement de la radioactivité dans l’environnement. Ces rejets, plus ou moins contrôlés, atteignent parfois un volume bien supérieur à ce qui arrive aujourd’hui à Tricastin, déclare Yannick Rousselet, en charge de la campagne Énergie à Greenpeace France. Cet accident démontre que le nucléaire n’est pas une énergie propre. Nicolas Sarkozy omet bien sûr de préciser ce genre de « détail » quand il annonce en grande pompe le lancement d’un 2e EPR, Tricastin étant justement l’un des sites pressentis. »
Quand l’accident s’est-il produit ?
Contrairement à ce qui a été dit, la fuite s’est produite le 7 juillet, à 23 h. La société Socatri a alerté l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) le 8 juillet, à 7h30. Ne prenant conscience de la gravité de l’accident que vers midi, l’exploitant a alors rappelé l’ASN et la préfecture a pris ses mesures à 13 h. « Entre 23 h et 13 h, aucune restriction n’a donc été mise en place pour protéger les populations, affirme Yannick Rousselet. Lenteur, manque de transparence, faible réactivité : ces délais sont inacceptables. »
Quelle quantité a fui ?
La quantité d’uranium qui a fui correspond à 30 m3 d’effluents à 12 g d’uranium par litre. Ce matin, un volume de 6,25 m3 est évoqué, sans doute car la totalité de la fuite n’a pas atteint l’environnement. « L’industrie joue sur les mots, en disant qu’une partie de la fuite n’aurait pas atteint l’environnement », affirme Yannick Rousselet.
Quelle concentration radioactive ?
Quel que soit le volume qui a contaminé l’environnement, la concentration reste de 12 g d’uranium par litre. « Les taux de radioactivité s’élèvent à 6 000 fois la limite réglementaire », constate Yannick Rousselet.
S’agit-il d’une simple « anomalie » ou de quelque chose de plus grave ?
Sur l’échelle Ines des incidents et accidents nucléaires allant de 0 à 7, l’exploitant a déclaré l’accident de niveau 1, comme une simple « anomalie ». « Les responsables du site tentent de minimiser les choses. Si on suit cette échelle Ines, dès qu’il y a rejet dans l’environnement, un accident doit au moins être classé de niveau 3, commente Yannick Rousselet. Et si l’on considère les contre-mesures prises hier par la préfecture (interdiction de la pêche, de la consommation d’eau potable, de l’irrigation, des activités nautiques), l’incident grave survenu à Tricastin devrait même être classé de niveau 5, c’est-à-dire « un accident qui provoque un rejet limité susceptible d’exiger l’application partielle des contre-mesures prévues ». »
Ce type de rejets est-il fréquent ?
L’usine de retraitement de La Hague (Manche) est autorisée à rejeter en moyenne, chaque jour, plus de 11 000 fois ce qui a fui à Tricastin, et la dizaine de centres de stockage français fuient en permanence. Ainsi, la nappe phréatique située sous le centre de stockage de la Manche est affectée par une pollution permanente. Les mesures effectuées par Greenpeace en 2006 montrent une concentration de 18 000 becquerels/litre, soit 180 fois la norme sanitaire européenne. « Hier, à Tricastin, le préfet du Vaucluse a très bien réagi pour protéger la population. La préfecture de la Manche devrait en prendre de la graine ! », estime Yannick Rousselet.