Paris, le 20 mars 2011 – Contrairement à ce que nous espérions tous et à ce que les médias annoncent depuis 48h, la situation ne s’améliore pas à Fukushima et les conditions météo accroissent le danger de contamination pour la population.
« Les solutions tentées par les Japonais ne permettent pas, pour le moment, d’empêcher les rejets de radioéléments dans l’environnement. La météo a annoncé ce matin l’arrivée de pluies sur le Japon qui rendent cette contamination plus dangereuse. Le nuage va très certainement continuer de transporter la radioactivité et la pluie va la déposer au sol sur une zone plus large que celle prévue par le plan d’évacuation mis en place actuellement. » déclare Yannick Rousselet, en charge de la campagne Nucléaire pour Greenpeace France
Il faut élargir la zone d’évacuation
Aujourd’hui un groupement d’experts nucléaire japonais, le CNIC (Citizens’ Nuclear Information Center), a publié de nouvelles recommandations sur la zone d’évacuation autour de Fukushima. Ces experts demandent que les personnes se trouvant dans la zone des 20 à 30km autour de la centrale à qui on a demandé de rester confinées chez elles soient évacuées. Ils demandent aussi à ce que les femmes enceintes et les enfants soient prioritaires. Pour eux, les personnes vivant au-delà de la zone des 30km doivent elles aussi être évacuées.
« Le réacteur n°3 est toujours dans une situation critique, il continue de rejeter massivement des radionucléides. Il contient du Mox, un combustible composé de 6 à 7% de plutonium. Ses rejets sont encore plus dangereux que ceux des autres réacteurs, explique Yannick Rousselet. Les demandes du CNIC sont tout à fait justifiées. La population doit être éloignée le plus possible de Fukushima et des pluies qui arrivent. C’est une question de survie. »
Des informations contradictoires
Les nouvelles en provenance du Japon sont de plus en plus rares et difficiles à analyser. D’une minute à l’autre les messages sont contradictoires.
Par exemple, concernant le réacteur n°3 on a appris dans la journée que la pression baissait puis que celle-ci montait.
« TEPCO et les autorités nippones font ce qu’ils peuvent pour éviter que la situation ne s’aggrave, note Yannick Rousselet. Il semble que cette rude bataille est très difficile à mener et que la communication a du mal à rendre compte de ce qui se passe sur le terrain. La situation est tellement inédite que personne ne peut avoir une analyse précise de ce qui se passe à Fukushima. Une chose est sûre : la centrale est dans un état très grave et la pollution radioactive est déjà très importante. »
Quelles conséquences sur l’environnement et la population ?
Hier, nous apprenions que du lait et des épinards avaient été contaminés dans la préfecture de Fukushima. Plus tard dans la journée, les autorités « déconseillaient » la vente de produits alimentaires en provenance de cette région. En début de soirée, la contamination de l’eau du robinet à Tokyo était annoncée.
« La contamination s’étend actuellement à une large zone au Japon. Evidemment la zone la plus proche de la centrale est particulièrement touchée. Là, les risques pour l’homme sont importants : la probabilité d’avoir un cancer est élevée. Pour les zones plus éloignées, la météo des prochaines heures sera déterminante. Il est déjà certains que les seuils normaux de radioactivité seront largement dépassés à plusieurs centaines de kilomètres de Fukushima. » conclut Yannick Rousselet.