Alors que le groupe d’experts de l’ONU sur la biodiversité (IPBES) rend aujourd’hui un rapport constatant qu’un million d’espèces sont déjà menacées d’extinction, les ministres de l’environnement du G7 ont échoué à impulser les changements profonds et structurels nécessaires pour limiter le changement climatique et la perte de biodiversité. La France, qui préside le G7 cette année, devra redoubler d’efforts pour être exemplaire aux niveaux national, européen et international et s’assurer que le G7 ne soit pas une coquille vide pour l’environnement et le climat.
Pour Clément Sénéchal, chargé de campagne politiques climatiques et forêts à Greenpeace France, « les pays membres du G7 – à l’exception des États-Unis – ont évoqué du bout des lèvres la nécessité de remettre à jour leurs objectifs climatiques. Nous attendons désormais que, dès cette année, les États rehaussent officiellement leurs engagements à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Ces réductions passent nécessairement par l’arrêt des subventions aux énergies fossiles : une réalité sur laquelle font l’impasse les conclusions de ce G7 Environnement ».
La France, en particulier, doit respecter ses propres objectifs à court terme. Pour 2020, elle ne remplit ses obligations ni sur l’efficacité énergétique, ni sur le développement des énergies renouvelables, ni sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. « Emmanuel Macron est responsable de cet échec puisqu’il refuse d’engager toute politique structurante pouvant heurter les intérêts des grands pollueurs industriels et financiers. Le grand écart entre les beaux discours diplomatiques et l’inaction nationale ne peut plus durer », analyse Clément Sénéchal.
Selon l’IPBES, l’utilisation des terres (agriculture, déforestation) est l’une des causes majeures de l’érosion de la biodiversité et un facteur aggravant du changement climatique. Pourtant, au G7 Environnement, une initiative d d’une coalition d’acteurs sur la lutte contre la déforestation s’en remet au secteur privé. Alors qu’ils reconnaissent leur obligation à agir pour mettre un terme à la déforestation, les États se contentent de promettre un soutien aux initiatives émanant des multinationales, qui sont pourtant les premières coupables de la déforestation. « Cette approche a pourtant montré ses limites ces dernières années : il y a désormais urgence à mettre en œuvre une régulation publique contraignante pour les filières commercialisant des produits à risque, comme l’huile de palme ou le soja », explique Clément Sénéchal.
Les ministres de l’environnement du G7 ont également adopté aujourd’hui la Charte de Metz sur la biodiversité. Ces déclarations de bonnes intentions sont pour l’instant rarement suivies d’effets parce qu’elles ne permettent pas de remettre en cause un modèle économique qui privilégie les intérêts des multinationales. Pourtant, l’IPBES comme le GIEC plaident pour un changement complet de système, qui privilégie la protection de la planète et de ses habitants. Pour Clément Sénéchal, « les solutions sont connues : mettre un terme à la déforestation, sanctuariser 30 % des zones de haute mer d’ici à 2030, diviser par deux la consommation mondiale de viande et de produits laitiers d’ici à 2050. Pour parvenir à ces résultats, il faut cesser de subventionner les secteurs toxiques et réguler drastiquement les acteurs économiques et financiers ».