Paris, le 25 mai 2011 – « We love Germany », c’est la déclaration d’amour de Greenpeace à l’Allemagne, à la veille de l’arrivée à Deauville des Chefs d’Etat des pays du G8. A l’agenda, les leçons de Fukushima et l’instauration de normes internationales en matière de sûreté nucléaire. Alors que le Président français tente de profiter de la crise japonaise pour imposer l’EPR comme une garantie contre les risques d’accident, l’Allemagne a décidé d’en finir avec l’énergie nucléaire. Et ceci sans remettre en question son objectif d’une réduction de 40% des émissions des gaz à effet de serre d’ici à 2020.
« L’Allemagne nous montre la voix à suivre, avec le choix d’une transition énergétique planifiée, synonyme de création d’emplois grâce aux filières renouvelables, synonyme d’indépendance énergétique grâce à la désintoxication des énergies fossiles, d’avenir plus sûr grâce à la fin du risque nucléaire, constate Karine Gavand, chargée des questions politiques à Greenpeace France. »
Un choix qui profite à la protection du climat, comme à l’économie allemande
L’Allemagne est aujourd’hui la 4ème puissance mondiale et son économie est florissante. Le voisin allemand, souvent dépeint comme dépendant du charbon avec une économie très carbonée, a enclenché une transition énergétique rentable à tous points de vue : investissements massifs dans l’éolien (26 GW installés contre 4,5 GW en France en 2009), dans le photovoltaïque (10 GW contre 0,3 en France en 2009)… La filière renouvelable emploie 2,5 fois plus de personnes qu’en France. Sans surprise, le chiffre d’affaire de la filière représente plus de 36 milliards d’euros en 2009 pour l’Allemagne, contre à peine 13 milliards en France la même année – (source EurObser’ER).
Un choix fondé sur la prise en considération du risque nucléaire
Depuis Fukushima, de nombreux pays ont engagé des audits de leur parc nucléaire. Là aussi, l’Allemagne s’est singularisée par un cahier des charges intégrant un éventuel crash d’avion, une erreur humaine, un virus informatique… autant de risques non pris en compte en France jusqu’à aujourd‘hui. L’exigence des tests de sécurité allemands, dont les premiers résultats ont montré que leurs 17 réacteurs ne résisteraient pas à une chute d’avion, invalide totalement le mythe de la sécurité nucléaire française.
« Comment les centrales nucléaires françaises pourraient-elles être plus sûres que leurs voisines allemandes et résister à un crash d’avion alors qu’elles ont été construites à la même période ? » s’étonne Karine Gavand.
Au G8, deux visions de l’avenir énergétique
Ce G8 sera l’occasion pour le Président français de tenter de promouvoir l’EPR comme la réponse aux interrogations posées par Fukushima à la doctrine de la sûreté nucléaire. « Le nucléaire sûr n’existe pas, répète Karine Gavand. C’est la leçon n°1 de Fukushima. Alors que la France s’entête dans son choix nucléaire, l’Allemagne montre qu’elle a compris les leçons de Fukushima. Le groupe allemand Siemens aussi. Pourtant co-développeur de l’EPR, il s’est désengagé du nucléaire. »
Greenpeace dénonce l’hypocrisie du Président français qui d’un côté, fait des excès de zèle en s’indignant de l’absence de standards internationaux –pure stratégie commerciale, et de l’autre tire les audits européens vers le bas, sachant pertinemment que les 58 réacteurs français ne passeraient pas des tests sérieux.
« Nicolas Sarkozy voit dans la crise japonaise une nouvelle opportunité de vendre l’EPR. Mais ce réacteur, conçu au début des années 1990, ne répond en rien aux enseignements de Fukushima, poursuit Karine Gavand. La France doit suivre l’exemple allemand. La transition énergétique est nécessaire et bénéfique. Ce n’est qu’une affaire de volonté politique ».
Kumi Naïdoo, Directeur exécutif de Greenpeace international et Karine Gavand, chargée des questions politiques à Greenpeace France seront présents au G8.
Greenpeace publie un briefing complet sur la transition énergétique allemande et de nombreux éléments de comparaison avec la France.