Aujourd’hui se tient à Paris et en visioconférence le Global Forest Summit, un sommet international organisé par Reforest’Action, une entreprise qui promeut et pratique la compensation carbone via des projets de plantations d’arbres.
Le gouvernement sera également au rendez-vous : le sommet est organisé sous le haut patronage d’Emmanuel Macron en personne, et Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, y participera également.
Une alliance problématique, tant le business model de Reforest’Action permet à des entreprises du secteur des énergies fossiles comme ENI, ENGIE ou encore BNP Paribas de présenter leurs activités comme contribuant à la protection de l’environnement. Le patronage du chef de l’État ne peut être vu ici que comme une énième tentative de verdir son image.
Pour les associations Canopée et Greenpeace France, le programme et les intervenants de ce sommet laissent présager que des solutions simplistes ou dangereuses comme la compensation carbone et la plantation d’arbres seront à l’honneur.
Pourtant, les conclusions des experts du GIEC sont claires : pour atténuer le changement climatique, il faut dans le même temps réduire les émissions de gaz à effet de serre et augmenter les capacités de séquestration de carbone, en particulier des écosystèmes forestiers. Or la compensation carbone crée une diversion, car elle véhicule l’illusion qu’une solution qui ne nécessiterait pas d’efforts de réduction d’émissions de gaz à effet de serre impliquant des décisions politiques ambitieuses est possible.
Selon Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes de Canopée : “Les projets massifs de plantations d’arbres présentent de nombreux risques environnementaux et sociaux. L’idée selon laquelle planter 1000 milliards d’arbres serait la solution la plus rapide et la plus efficace pour lutter contre les changements climatiques a été sérieusement remise en cause scientifiquement. De plus, ce type de projets pose des problèmes évidents d’accaparement des terres dans des pays où les conflits fonciers sont importants.”
La caution de l’exécutif à ce sommet fait écho au projet de loi Climat et résilience qui fait lui aussi la part belle à la compensation carbone, notamment pour le secteur aérien et aux dépens de mesures solides et ambitieuses de régulation de ce secteur. La compensation carbone fournit ainsi à ce dernier une échappatoire alors que tous les secteurs doivent en fait réduire leurs émissions dans l’absolu.
Selon Cécile Leuba, chargée de campagne Forêts chez Greenpeace France : “Au lieu de s’afficher dans des forums internationaux aux côtés d’acteurs promouvant des fausses solutions en réalité dangereuses et inefficaces pour le climat, le gouvernement devrait plutôt s’atteler à mettre en œuvre la Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI) qu’il a publiée il y a 2 ans et restée lettre morte depuis. Il est urgent que le gouvernement adopte des mesures contraignantes à l’échelle nationale pour garantir que nos importations de matières premières, en particulier de soja, ne sont pas liées à la déforestation.”